"Je suis de cette génération d'artistes qui ne pense plus à changer le monde, mais à sauver ce qu'il reste", explique Abd al Malik
L'artiste, qui vient de publier le libre "Méchantes blessures", s'est désolé de voir "une France morcelée". Abd al Malik était l'invité de franceinfo, samedi.
"Je suis de cette génération d'artistes qui ne pense plus à changer le monde : on veut sauver ce qu'il reste, d'une certaine manière", a expliqué sur franceinfo samedi 31 août l'artiste Abd al Malik. "On a été dans une démarche où on a eu le sentiment que le tout-économique réglait tout. On voit bien que ça ne fonctionne pas comme ça", poursuit le rappeur, écrivain et réalisateur, dont le huitième et dernier livre, Méchantes blessures, est sorti le 22 août dernier.
Une "Europe des barbelés"
Selon lui, ce changement de paradigme vient d'une déception historique. "En Europe, il y avait une promesse d'ouverture et d'accueil, d'être dans une démarche totalement humaine après ce qu'on a vécu lors de la dernière guerre mondiale. Cependant, on est dans une époque où on se retrouve avec l'Europe des barbelés, avec cette problématique migratoire et celle du climat", estime Abd al Malik qui assure ne pas s'arrêter à ce constat.
On reproche souvent aux artistes de ne pas proposer de solutions. Avec "Méchantes blessures", j'ai voulu proposer des solutions concrètes et réelles. Elles passent par l'idée d'être des êtres humains véritables
Abd al Malikà franceinfo
À la lumière de cette observation, Abd al Malik est critique envers les personnalités politiques françaises. "On fait tous le constat de l'obscurité. Maintenant, il faut allumer une bougie", dit-il. Pour cela, l'écrivain réclame "des actes concrets", et se désole de ne pas en voir. "C'est le rôle du politique de faire en sorte de régler les choses, de mettre du lien, de dire qu'on est un peuple uni et qu'on peut aider les gens qui sont en difficulté. Force est de constater que ce n'est pas ce que l'on voit dans le réel. C'est pour cela qu'il y a cette colère sociale." Selon lui, cette colère génère des fractures. "On voit une France morcelée. Il y a des France dans la France", conclut-il.
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