Proche-Orient : "Il n'y a plus de négociation possible" après la mort d'Ismaïl Haniyeh, estime une spécialiste de la région

Pour Agnès Levallois, vice-présidente de l’Institut d’études et de recherche Méditerranée Moyen-Orient, l'élimination du chef politique du Hamas risque d'entraîner "un chaos indescriptible".
Article rédigé par franceinfo
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Agnès Levallois, vice-présidente de l'Institut de recherche et d'études Méditerranée Moyen-Orient (iReMMO), jeudi 1er août 2024 sur franceinfo. (FRANCEINFO / RADIO FRANCE)

"Il n'y a plus de négociation possible", a estimé jeudi 1er août sur franceinfo Agnès Levallois, vice-présidente de l’Institut d’études et de recherche Méditerranée Moyen-Orient, après la mort d'Ismaïl Haniyeh, le chef politique du Hamas, tué par une frappe en Iran. Bien que cette action n'ait pas été revendiquée, Israël est pointé du doigt par Téhéran et ses alliés. "Il y a une ligne rouge qui a été franchie parce que cet assassinat a lieu à Téhéran", souligne-t-elle.

Des négociations avaient été pourtant relancées à Doha entre les Américains, les Israéliens et les Palestiniens : "Tout ça va voler en éclats, assure-t-elle. Il n'y a plus de négociation possible".

Agnès Levallois a le sentiment que l'assassinat d'Ismaïl Haniyeh peut être "un calcul de la part de Nétanyahou" pour "pousser l'Iran à la faute, faire en sorte que l'Iran soit obligé de réagir parce que c'est un coup terrible". Mais selon elle, c'est également une façon de détourner l'attention de Gaza puisque "les regards sont tournés vers l'Iran". Et surtout, "cela peut permettre aussi à Nétanyahou de resserrer les rangs derrière lui", notamment le monde occidental, pour "justifier finalement la poursuite des combats à Gaza". 

Le risque d'un embrasement régional

Agnès Levallois ne pensait pas "que cela irait jusque-là" et craint que la région ne rentre "dans un chaos indescriptible". Le spectre d'un embrasement de la région hante les diplomaties occidentales. "L'Iran ne peut pas ne pas réagir parce que sa crédibilité est mise en question", estime la spécialiste. Selon elle, "il peut y avoir une opération coordonnée au Yemen, en Irak ou au Liban. C'est un risque absolument évident"

Le guide suprême Ali Khamenei a déclaré que l'Iran avait "le devoir" de venger de la mort Ismaïl Haniyeh. "Il peut y avoir une opération iranienne, mais sans exclure aussi une réaction de la part des proxys (mouvements contrôlés ou financés par l'Iran) en coordination, pour bien montrer que l'Iran ne peut pas se laisser faire", a expliqué Agnès Levallois.

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