Réforme des retraites : ce qu'il faut retenir du débat entre les économistes Nathalie Chusseau et Thomas Porcher
Nécessité de la réforme, relèvement de l'âge légal de départ à la retraite, minimum retraite revu à la hausse... Les économistes Nathalie Chusseau et Thomas Porcher ont confronté leurs points de vue sur la réforme des retraites du gouvernement, ce lundi sur franceinfo. La Première ministre la présentera officiellement mardi.
Cette réforme est-elle vraiment nécessaire ?
La réforme des retraites est-elle obligatoire ? La situation économique du pays l'impose, selon Nathalie Chusseau, professeure à l’université de Lille et chercheure associée à la chaire Transitions démographiques Transitions économiques. "Le rapport du Conseil d'orientation des retraites et les simulations qui sont faites montrent qu'on va avoir un déficit récurrent" de notre système de retraites "sur les 25 prochaines années".
"La question globale, effectivement c'est la dette publique", reconnaît Thomas Porcher, professeur à la Paris School of business. Toutefois, "Est-ce que c'est aux vieux de payer la dette publique ?". Non, "c'est à l'État, les gouvernants de trouver des ressources financières dans les endroits qui seraient les moins douloureux". "Ce gouvernement a choisi de faire des économies sur les retraites (…) plutôt que d'aller prélever des impôts sur les superprofits", dénonce-t-il.
64 ou bien 65 ans ?
A quel âge doit-on fixer le départ à la retraite : 64 ou 65 ans ? "Aucune des deux" options, répond Thomas Porcher. "Quand on parle comme ça, sur le papier, on change un 62 en 64 ou en 65 et tout va bien, mais que se passe-t-il, dans la vie réelle ?", interroge-t-il. "Les plus modestes, ils ont à peu près dix ans de vie à la retraite. Là, vous allez leur retirer deux ou trois ans de vie à la retraite", assène-t-il.
Sur ce point, Nathalie Chusseau ne le contredit pas. "Là-dessus, Thomas Porcher a totalement raison : le problème ce sont les carrières longues", dit-elle. "Ce sont souvent des travailleurs qui sont peu qualifiés, qui ont en plus des travaux pénibles et une espérance de vie beaucoup plus faible" et "à mon avis, c'est le point noir de la réforme".
Relèvement du minimum retraite : les deux économistes vigilants
La réforme présentée mardi par le gouvernement prévoit de relever le minimum retraite à 1 200 euros pour les nouveaux retraités avec une carrière complète. "On peut se réjouir évidemment de cette mesure-là", estime Nathalie Chusseau, même si "la question qui reste en suspens, c'est de savoir si on l'applique aux nouveaux retraités ou si on l'applique de manière rétroactive à ceux qui sont déjà à la retraite". L'exécutif a renvoyé cette question aux débats au Parlement.
"Oui, ça peut être un progrès social", reconnaît Thomas Porcher. Mais il prévient : "il ne faut pas que ce soit un effet d'annonce, il faut que ce soit aussi appliqué dans les faits". "Dans la loi Fillon [l'une des précédentes réformes des retraites, en 2003], il y avait quelque chose à peu près du même genre", souligne-t-il. En effet, le texte prévoyait déjà un minimum retraite à 85% du Smic pour une carrière complète. Cette promesse n'a pas été tenue.
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