Réforme des retraites, 49.3, Marine Le Pen, éboueurs, inflation... Ce qu'il faut retenir de l'interview de Laurent Berger
Laurent Berger, secrétaire général de la CFDT, était l'invité du 8h30 franceinfo, jeudi 16 mars 2023. Retraites, article 49.3, Marine Le Pen, éboueurs, inflation... Il répondait aux questions de Lorrain Sénéchal et Salhia Brakhlia.
Réforme des retraites : Marine Le Pen est "en embuscade" et "ça me fait peur"
"Depuis le début, le Rassemblement national et Madame Le Pen sont en embuscade" et "ça me fait peur", a affirmé Laurent Berger. Avec cette réforme des retraites, "on la remet en selle", s'alarme-t-il. "La dette sociale qui va s'opérer avec cette réforme, le sentiment de mépris, malheureusement, il va être exploité par les populistes et particulièrement par l'extrême droite", a-t-il expliqué. "On laisse la place à Madame Le Pen", assure-t-il. Laurent Berger ne regrette "pas du tout" son vote pour Emmanuel Macron au second tour de la présidentielle. Il estime que l'arrivée de Marine Le Pen au pouvoir, "ce serait pire d'abord socialement, j'en suis persuadée. Mais surtout, ce serait pire politiquement, démocratiquement, ce serait pire en termes de droits fondamentaux, de libertés publiques, de discrimination. Il ne faut pas déconner", a-t-il affirmé.
Réforme des retraites : le 49.3 serait "un vice démocratique"
Laurent Berger a estimé que l'utilisation du 49.3 pour adopter la réforme des retraites serait "un vice démocratique". Selon lui, "on ne peut pas faire autrement que par le vote. Ce serait complètement incroyable. Ce serait, un vice démocratique de faire par le 49.3", a-t-il affirmé. "C'est une nécessité démocratique. La démocratie, ce n'est jamais seulement du courage, c'est une obligation qui nous est faite aux uns et aux autres", a-t-il rappelé.
Si l'exécutif ne dégaine pas le 49.3, le projet de réforme des retraites sera soumis aux votes des députés jeudi après-midi, alors que les sénateurs ont largement adopté le texte définitif dans la matinée. Du côté du gouvernement, on compte ses soutiens à l'Assemblée nationale, notamment chez Les Républicains qui ont le pouvoir de faire pencher la balance. Le patron de la CFDT a dénoncé "le marchandage" de la majorité avec des députés pour s'assurer de leur vote : "On est dans une forme de fébrilité" du gouvernement, juge-t-il.
Retraites : en cas d'adoption, "la colère et la contestation ne cesseront pas"
En cas d'adoption par le Parlement jeudi, "la colère et la contestation de cette réforme ne cesseront pas. Il restera un sentiment de malaise dans le monde du travail et de mécontentement", affirme-t-il. Laurent Berger prévient qu'"il y aura une suite". Selon lui, "il n'est pas envisageable, après la colère qui s'exprime et le sentiment de mépris qui est ressenti, que du jour au lendemain, il ne se passe rien", dit-il. La contestation à la réforme des retraites pourrait prendre d'autres formes que des manifestations : "On ne va pas faire des manifestations pendant six mois pour finir à quinze derrière une banderole", ironise-t-il.
Réquisition d'éboueurs grévistes : "Ce n'est pas digne !"
Le préfet de police de Paris envisage de réquisitionner des éboueurs grévistes pour ramasser les quelque 8 000 tonnes de déchets qui jonchent les rues de la capitale alors que des salariés chargés du ramassage sont en grève contre la réforme des retraites. "Ce n'est pas digne de faire ça, à ces travailleurs-là", a réagi Laurent Berger. "Je ne sais pas comment va faire le préfet de police" pour trouver des éboueurs, s'est-il interrogé. "C'est très très dangereux dans la parole publique d'annoncer qu'on va faire un truc et d'avoir des difficultés à le réaliser", a-t-il prévenu.
Accord entre le gouvernement et les distributeurs : "Ça ne suffira pas"
Alors que l'inflation en février est à 6,3% sur un an, le gouvernement a trouvé un accord avec les distributeurs. Ils ont promis des produits alimentaires au prix le plus bas possible pendant trois mois à compter de mercredi 15 mars. "Ça ne suffira pas cette pression sur les distributeurs", estime Laurent Berger. "Il faut regarder d'abord les produits. Ce n'est pas parce qu'on est pauvre qu'on doit bouffer de la merde", a-t-il lâché. Pour aider vraiment les Français en difficulté face à l'inflation, "il faut aussi agir sur les revenus" et "sur des aides ciblées aux ménages les plus modestes", a-t-il expliqué.
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