Vols intérieurs, prix des billets de train, bonus écologique... Ce qu'il faut retenir de l'interview de Clément Beaune
Clément Beaune, ministre délégué auprès du ministre de la Transition écologique et de la Cohésion des territoires, chargé des Transports, était l'invité du 8h30 franceinfo, jeudi 25 mars 2023. Vols intérieurs, prix des billets de train, bonus écologique... Il répond aux questions de Marc Fauvelle et Salhia Brakhlia.
Vols intérieurs supprimés en cas d'alternative ferroviaire : "On ira plus loin"
Depuis mardi 24 mai, les liaisons en avion sont interdites à travers la France s'il existe une alternative en train à moins de 2h30. Cela concerne trois lignes : les liaisons entre Bordeaux, Nantes, Lyon et Orly. "On ira plus loin. La liste va être revue deux fois par an pour regarder si l'offre ferroviaire s’améliore", indique Clement Beaune. "Peut-être qu'on durcira progressivement aussi cette règle des 2h30 pour l'amener vers par exemple 3 heures", ajoute-t-il. "On ferme trois lignes et on va continuer. Ce n’est pas du tout un gadget", assure-t-il.
Le ministre assure être le seul pays européen à avoir mis en place cette mesure. "J’espère que plusieurs pays européens suivront cette mesure et nous, on l’améliorera et on la fera grandir", dit-il.
Prix des billets de train : "On peut faire mieux"
"Il faut réfléchir à des initiatives sur les tarifs", estime le ministre des Transports alors que les Français jugent les prix des billets de train trop chers. Pour Clément Beaune, les prix des billets des trains de proximité, TER et Intercités, restent abordables : "Quand je les compare au coût européen moyen, on est plutôt assez bas", estime-t-il. La question du prix des TGV reste une préoccupation, les lignes à grande vitesse n’étant pas financées par l’État ou les régions : "J'ai demandé à la SNCF de développer les offres commerciales pour les jeunes, notamment dans les prochains mois. On peut faire mieux", assure-t-il.
Clément Beaune souhaite encore plus de lisibilité sur les prix : "Il y a parfois le fait qu'on ne comprend rien. Pourquoi un TER dans un sens de Bordeaux à Toulouse, c'est un certain prix, de Toulouse à Bordeaux, c'est un autre prix. Donc on va simplifier ça", explique-t-il. L’instauration du "billet unique" sur tout le territoire, souhaité par le ministre, va dans ce sens, selon lui.
Climatisation des trains : "systématique" pour les trains pas pour les gares
Clément Beaune souhaite que tous "nos TER deviennent climatisés" alors que l’on prépare la France à un scénario de 4 degrés supplémentaires en 2100 dus au réchauffement climatique. Le ministre des Transports estime que l’on doit rester "prudent et raisonnable" sur la climatisation. Les TGV, les Intercités et 90% des TER sont climatisés aujourd’hui, selon lui. Il souhaite la mise en place de "techniques qui font que ça ne consomme pas beaucoup et surtout qu'on n'a pas la climatisation systématiquement". Pour "les gares, souvent des espaces ouverts, cela dépend des configurations. Ce ne sera pas systématique. Mais dans les trains, il faut que ce soit systématique pour les TGV, Intercités et TER", explique-t-il. En Île-de-France, "les deux tiers" des Transilien ont aujourd’hui la climatisation : "Les nouvelles rames seront progressivement toutes climatisées", indique-t-il.
Modernisation du rail : "Une priorité"
Clément Beaune souhaite moderniser le réseau ferroviaire "le plus vieux d’Europe". Il en fait "une priorité parce que c'est ce qui fait que vous avez des retards sur des lignes qui créent un sentiment de déclassement chez beaucoup de Français", dit-il. Le réchauffement climatique et les intempéries risquent d’aggraver la situation dans l’avenir : "On a un plan à 100 milliards d'euros sur le ferroviaire. C'est totalement historique entre maintenant et 2040, parce qu'il faut investir dans la durée. Et l'une des principales mesures de ce plan, c'est d'investir sur ce réseau ferroviaire. D'ici 2027, on va augmenter de 50 %. C’est 1,5 milliard d’euros par an".
Pour financer le rail, le gouvernement pense à une contribution de l’aérien, bien qu’Augustin de Romanet, le PDG d'Aéroports de Paris s’y oppose totalement : "C'est le Parlement qui vote les lois et les taxes en particulier", a-t-il rappelé. "L’aérien contribuera davantage au financement du train. Il serait juste d'avoir une contribution sur les billets d'avion" pour "la transition écologique", assure-t-il.
Bonus écologique : "Recentrer le bonus" sur des modèles européens et français
Alors qu’Emmanuel Macron veut revoir les règles du bonus écologique pour l'achat d'une voiture électrique, le ministre des Transports s’oppose à son versement pour des voitures chinoises ou américaines notamment : "Le but, c'est évidemment d'avoir non seulement un parc de voitures électriques qui se développe, mais de le faire aussi de manière souveraine, c'est-à-dire avec des véhicules qui soient produits en France et en Europe", a-t-il expliqué.
Aujourd’hui, près de la moitié du bonus écologique, l’argent du contribuable va à des modèles non-européens et notamment chinois : "On va mettre en place une règle qui fait qu'on tient compte du critère environnemental. Quand vous produisez une voiture en France et en Europe, c'est beaucoup moins polluant qu'un véhicule chinois. Donc ça va recentrer le bonus sur ces modèles", a-t-il expliqué.
Fret SNCF : "C'est sa survie qui est en jeu"
"Je me bats pour que Fret SNCF n'ait pas à rembourser ces 5 milliards d'euros. Il faut le dire très clairement, c'est la survie de Fret SNCF, du fret ferroviaire public en France qui est en jeu", a déclaré Clément Beaune. La Commission soupçonne Fret SNCF de violation des règles de la concurrence et menace de lui infliger une forte amende. L'entreprise risque d'être contrainte de rembourser plus de 5 milliards d'euros d'aides versées pendant des années par l'État français, soutien contraire aux règles européennes, selon Bruxelles.
Le gouvernement pourrait accepter un compromis : démanteler partiellement la filiale de la SNCF contre l'arrêt de la procédure. "J'assume d'avoir une discussion avec les autorités européennes pour qu'on ait une solution qui préserve les emplois", dit-il. "Il y a eu un dur combat, plusieurs mois de discussions pour éviter une procédure. Cette procédure est là. C'est la réalité. Je ne veux pas jouer à la roulette russe", a-t-il assuré.
Le "train des primeurs" Perpignan-Rungis "continuera à rouler"
"Oui, il continuera à rouler. C’est le combat que je mène", assure-t-il alors que l’avenir du train des primeurs, relancé par Jean Castex en 2021, reste incertain. Il a été remis à l’arrêt durant la mobilisation contre la réforme des retraites. "Il y aura un train des primeurs qui assurera la liaison entre Rungis et Perpignan qui ne sera plus probablement Fret SNCF", indique-t-il. "Ça peut être un autre opérateur public ou privé", souligne-t-il.
Voiture électrique en location à 100 euros : en "novembre", on pourra faire "des réservations"
"Au mois de novembre, on pourra commencer à faire des réservations et les véhicules qui seront éligibles à ce leasing social, 100 € pour les ménages les plus modestes, seront disponibles à partir de l'an prochain", affirme-t-il. La location d’une voiture électrique à 100 euros est une promesse d’Emmanuel Macron. "L'idée, c'est que ce soit rapidement facilement accessible aux ménages les plus modestes", explique-t-il. L'objectif du gouvernement, sur le quinquennat, c'est qu'au moins "100 000 personnes" soient "concernées".
Ukraine : "Marine Le Pen reste le meilleur perroquet de Vladimir Poutine en France"
Auditionnée mercredi par la commission d'enquête relative aux ingérences étrangères de l'Assemblée nationale, Marine Le Pen s'est défendue d'être sous influence russe malgré le prêt qu'elle a contracté et qu'elle continue de rembourser à une banque russe. "Marine Le Pen reste le meilleur perroquet de Vladimir Poutine en France", assure Clément Beaune. "On a Télé Marine qui est un peu Télé Poutine en réalité", dit-il alors que les autorités européennes ont fermé les deux médias russes RT et Sputnik après l’invasion en Ukraine.
"Elle répète la position et la propagande du Kremlin, elle répète des mensonges et je pense que c'est extrêmement grave parce que la France, depuis l'après-guerre, tous présidents confondus, quatrième et cinquième République, a défendu le droit international, les principes des Nations unies", explique-t-il.
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Retrouvez l'intégralité du "8h30 franceinfo" du jeudi 25 mars 2023 :
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