"Chimera" du romancier norvégien Gert Nygårdshaug
Le norvégien Gert Nygårdshaug a commencé à écrire de la poésie et des romans policiers très connus dans son pays. Mais c'est Le zoo de Mengele au début des années 90, le premier volume d'une trilogie qui l'a fait connaître au-delà de la Norvège, cette trilogie très radicale mettait en scène un jeune Amazonien qui règle ses comptes avec les plus grands pollueurs de la planète. Un roman qui posait clairement la question de la légitimité de l'écoterrorisme. Sorti en Norvège à la fin des années 80, ce thriller écolo a même été élu meilleur livre norvégien de tous les temps.
30 ans plus tard, Gert Nygårdshaug n'a pas abandonné sa fibre écologiste. Avec Chimera, il imagine dans un futur proche, une équipe de scientifiques de différentes nationalités, qui étudient, en pleine forêt du Congo, les effets du changement climatique sur les espèces animales et végétales. Mais c'est aussi un virus inconnu, jusqu'alors redoutable, susceptible d'effacer une grande majorité de la population de la planète, qu'ils vont découvrir. Virus qu'ils appellent Chimera. Mais là où certains y voient une menace sans précédent, d'autres entrevoient une lueur d'espoir pour la planète, sur le thème : voilà un virus qui va régler le problème de la démographie galopante des humains, véritable danger pour eux, pour l'humanité.
Un roman captivant
Le roman est captivant, précis, avec beaucoup de documentation, une galerie de portraits de scientifiques attachants ou déroutants. On pénètre une forêt tropicale avec ses espèces, ses plantes. Ça se lit comme un thriller classique ou un roman d'aventures, avec en prime une réflexion sur la capacité de la planète à digérer tous les égarements de nos sociétés.
Réflexion à peine biaisée par l'engagement de l'auteur pour Gert Nygårdshaug, il n'y a pas que le réchauffement climatique qui nous menace, et la sixième extinction et les contraintes exercées par l'homme sur tous les milieux annoncent un futur catastrophique. Parfois borderline, reprenant les thèses écologistes les plus radicales, d'évidence, Gert Nygårdshaug n'a pas une grande estime pour le sapiens, ni confiance dans ses capacités à surmonter les crises qui s'annoncent. Mais il lui reste encore beaucoup de poésie et un savoir-faire de romancier à toute épreuve.
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