"Héroïna" de Marc Fernandez
Héroïna de Marc Fernandez est paru aux éditions Harper Collins Noir. Cette fois, Héroïna nous emmène à Acapulco, l’ex-perle du Pacifique, où Olivia souhaite quitter son mari. Il faut dire que Roberto Aguilar glisse dangereusement vers toujours plus de puissance, et donc de violence.
Le fringant jeune entrepreneur du BTP qu’il était, quand cette femme s’est mariée, est devenu l’un des trafiquants de drogue les plus puissants de la région. La ville d'Acapulco est devenue le théâtre de règlements de compte sanglants. Les balles perdues pleuvent, y compris contre des familles sans histoire.
Dans le luxe, cette femme s’est jusque-là accommodée avec résignation de la lente dérive criminelle de son mari, jusqu’au jour où elle surprend celui-ci, "faire" l'éducation de leur fils, en l'occurrence, partager et conditionner des kilos de cocaïne. D’évidence, Roberto Aguilar souhaite faire de son fils Pablo, son héritier. Pour cette mère, c'est trop ! Elle doit le quitter pour la sauvegarde de son fils.
Mais comment faire, puisque surveillée toute la journée ou presque, par les sicaires de son narcotrafiquant de mari ? Elle va devoir vendre son âme au diable, en l’occurrence celui des narcos : un procureur antidrogue incorruptible, ami de jeunesse qui va s’inspirer de ce qu’a fait un magistrat italien pour lutter contre la Mafia. Retirer de leur famille, par décision judiciaire, les enfants des chefs mafieux. Pour les protéger, mais aussi pour punir leurs parents, les enfants de mafieux sont placés dans des endroits secrets. Une mesure de protection qui fait débat. Sacré dilemme pour cette femme qui devra elle aussi abandonner cet enfant pour le sauver.
Marc Fernandez décrit avec finesse les affres de cette femme, son parcours, son enfermement, et finalement son sursaut. Un peu comme n’importe quelle femme, victime de violences conjugales, physiques ou psychiques. Et on découvre également avec ce roman de Marc Fernandez, ce programme imaginé en Italie, par un juge antimafia. Avec ce raisonnement : comme l'activité des mafias est souvent une affaire de famille, s’en prendre aux liens familiaux est le plus sûr moyen de faire mouche, dans la lutte contre le crime organisé.
Un roman vif plein de suspens, et une visite très curieuse d’Acapulco, un peu comme l’avait fait à sa manière Jean-Christophe Rufin, avec une enquête de son consul, Aurel Timescu, dans Notre Otage à Acapulco.
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.