"Le Silence" de l'écrivain américain Dennis Lehane

Dennis Lehane nous propose une nouvelle fois une plongée dans la communauté irlandaise de Boston, qu'il connaît bien, et théâtre aussi de beaucoup de ses romans. On est au milieu des années 70, les militants anti-ségrégation viennent d’obtenir de pouvoir envoyer les enfants noirs dans tous les établissements scolaires de la ville. Les autorités vont donc affréter des bus pour emmener les petits afro-américains dans des établissements scolaires des quartiers blancs et réciproquement.

C’est sans compter sur une communauté irlandaise raciste et ségrégationniste, particulièrement dans le quartier de South Boston. Le roman de Dennis Lehane, Le Silence, se déroule dans cet environnement historique. Son héroïne, Marie Pat Fenessy, est une femme de ce quartier populaire, peuplé de mauvais garçons, de voyous et de gangsters. Elle élève seule sa fille, une  adolescente de 16 ans, qui disparaît le jour même où un jeune noir est retrouvé mort, dans une station de métro d’un quartier blanc. Ces deux évènements sont évidemment liés.

Marie Pat n'est pas du genre à baisser les bras. Dans la vie, elle est même affublée d’un caractère bien trempé, voir violente et bagarreuse, et elle part à la recherche de sa fille. Et ce qu’elle découvre va provoquer un séisme. Ceux qui sont à la tête de cette communauté irlandaise, apparemment soudée, à laquelle elle appartient, sont responsables de la disparition de sa fille. Marie Pat Fenessy va se transformer en vengeresse, autant sauvage que déterminée.

Et Dennis Lehane nous propose un roman qui peut se lire comme un simple roman jubilatoire sur le thème de la vengeance et des comptes à solder. Mais le contexte choisi, la psychologie de son héroïne, et de quelques autres personnages, lui donnent une autre dimension. Les liens familiaux, les communautés d’où nous sommes issus, et l'âpreté des parcours de vie sont des thèmes récurrents chez Lehane. Ce nouveau roman ne déroge pas à cette règle. C’est un grand roman.