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Romain Gary, Jean Giono et Louis Guilloux : trois textes courts dans collection Folio 3

La collection "Folio 3 euros" propose des romans courts, d'une centaine de pages, ou des nouvelles classiques ou contemporaines. Aujourd'hui trois récits de Romain Gary, Jean Giono et Louis Guilloux.
Article rédigé par Gilbert Chevalier
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
"A livre ouvert", le choix de Gilbert Chevalier, tous les dimanches dans "Les experts livres". (2011 JAZID / MOMENT RF / GETTY IMAGES)

À livre ouvert vous propose aujourd'hui de puiser dans le catalogue Folio 3 euros, la collection Folio pas cher. Ça va de Balzac à Albert Camus, en passant par Victor Hugo, Patti Smith ou encore Jim Harrison. Avec une sélection de trois textes de trois auteurs, qui ont des points communs : la désillusion face au monde qui marche parfois violemment, une forme d'anticonformisme et d'indépendance d'esprit. Les trois auteurs sont Romain Gary, Jean Giono et Louis Guilloux.

Romain Gary : Les trésors de la mer Rouge

Dans Les trésors de la mer Rouge, publié en 1971, Romain Gary évoque la grandeur et la décadence de l'Empire français. Romain Gary est parti à la recherche des soldats perdus, légionnaires au bout du rouleau ou diplomate désabusé. Ces trésors de la mer Rouge sont à lire comme des reportages, à Djibouti notamment. On sent poindre derrière ces lignes une grande amertume. Les colonies, l'Empire français n'ont engendré que misère, souffrance et humiliation.

Jean Giono : Refus d'obéissance

Jean Giono, avec Refus d'obéissance, s'attaque lui, à la guerre. Frontalement. Pacifiste, il a fait 14-18, il a vécu ses massacres et ces massacres l'accompagnent tous les jours. "Il n'y a pas un seul moment où je n'ai pensé à lutter contre la guerre", dit-il. C'est un texte écrit juste avant la guerre de 40. Son texte révèle une rage incroyable. Rétif face à tout engagement, Giono y déclare préférer vivre son bonheur et refuser tout sacrifice. Évidemment, Giono ne s'est pas fait que des amis avec ses prises de position très radicales. Mais il a ensuite, on va dire, panser ses plaies.

Louis Guilloux : OK Joe

Dans la campagne provençale, Louis Guilloux, écrivain plutôt méconnu, a lui, signé OK Joe, plus de 30 ans après la période décrite dans ce livre qui nous emmène en Bretagne. On est en 1944. L'écrivain est alors interprète auprès des tribunaux militaires de l'armée américaine, dans une Bretagne fraîchement libérée, et Louis Guilloux accompagne deux officiers américains qui enquêtent le plus souvent sur des viols et des meurtres commis par des soldats américains. Des crimes qui dans leur grande majorité, aboutissent à la peine de mort des auteurs. Et ces auteurs, constatent Louis Guilloux, sont systématiquement des Noirs et quand ils sont blancs, ils sont acquittés.

Et l'auteur commence à trouver sa situation très inconfortable moralement. Cette armée américaine relax, très décontractée dans ses codes, ses relations hiérarchiques, généreuse avec les populations, cette armée bien équipée, bien habillée, est évidemment le reflet de ce qu'est la société américaine, raciste et impitoyable avec les Noirs. C'est donc dans la collection Folio 3 €, ce n'est pas cher et ça se lit en un trajet de train. 

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