"Un simple enquêteur" de Dror Mishani dans la Série Noire de Gallimard
Dror Mishani est un écrivain et traducteur israélien que l'on a découvert en 2014 avec son premier roman U ne disparition inquiétante, la première enquête de son flic préféré, Avraham Avraham. Ancien journaliste, ex-éditeur, Mishani enseigne la littérature, et en particulier l’histoire du roman policier, à l’université de Tel Aviv.
Un simple enquêteur, son nouveau roman, vient de paraître. Il y en a eu deux autres. Il a ensuite abandonné momentanément cet enquêteur pour nous proposer Un, deux, trois. L'histoire d'un dangereux prédateur de femmes vulnérables.
Tous ses romans se déroulent à Tel-Aviv, avec des gens ordinaires ou presque, dans des immeubles sans relief, des appartements sans relief, le tout sans préoccupation politique ou géopolitique. Mishani nous propose la violence ordinaire, crapuleuse, familiale, domestique, celle dont on parle peu concernant Israël. Sauf qu'avec ce nouveau roman, Dror Mishani va emmener son enquêteur vers de nouveaux horizons. Mais pas trop quand même. Dror Mishani retrouve donc son flic préféré, Avraham Avraham, le commissaire quadragénaire un peu rond, fragile, qui travaille depuis 15 ans dans le même commissariat de Holon, dans la banlieue sud de Tel-Aviv.
Avraham est un homme calme, sensible, un homme qui doute beaucoup, voire un peu peureux. On apprend au début du roman qu'il aimerait changer de poste, usé par ces affaires crapuleuses ou familiales qui lui paraissent sans importance, il aimerait intégrer un service beaucoup plus prestigieux. En attendant une éventuelle mutation, Avraham va devoir conduire une double enquête, la première concernant la disparition d'un touriste au passeport suisse, qui a disparu dans un hôtel décati du bord de mer. Son cadavre est finalement retrouvé en mer et sa fille, qui habite Paris, prétend qu'il travaille pour le Mossad, les renseignements israéliens.
Avraham se met alors à rêver d'une enquête qui sort de l'ordinaire, mais aussi avec un peu d'inquiétude à propos du surpuissant Mossad. En tout cas, il néglige la seconde affaire, celle d'un nouveau-né abandonné dans un sac, à proximité d'un hôpital. Une femme est vite soupçonnée, dénoncée par des voisins, et repérée par les caméras de surveillance. Les deux enquêtes vont se croiser et aboutir à Paris. Ces deux affaires n'ont rien à voir l'une avec l'autre, sauf que l'une a des conséquences sur la manière de voir les choses de notre enquêteur et finalement le commissaire Avraham va tout comprendre.
Ce nouveau roman, comme les précédents, est conduit avec une certaine mélancolie. Dror Mishani a beaucoup d'empathie pour les protagonistes, qu'il met en scène avec une écriture fine et un grand talent pour tisser calmement, sûrement, une toile, une intrigue captivante. Pas de scènes violentes, pas de super flic omniscient ou de flic borderline et de voyous hors norme. Dror Mishani, c'est un peu le Simenon et il affirme une nouvelle fois toute sa finesse avec ce nouveau polar.
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