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Une plongée dans la vie perturbée de Kurt Cobain

Deux libraires présentent leurs coups de cœur de la rentrée, dont "Le roman de Boddah" qui retrace le parcours de Kurt Cobain, le chanteur du groupe Nirvana.
Article rédigé par Valérie Expert
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 4min
  (Radio France)

 « Le roman de Boddah » d’Héloïse Guay de Bellissen – Ed. Fayard

D'ordinaire les amis imaginaires s'éteignent de mort naturelle, peu à peu négligés par ceux qui les ont inventés. Pas Boddah. Pendant les vingt-sept années de sa courte vie, Kurt Cobain n'a jamais cessé de s'adresser à son double. Du coup de foudre entre l'icône grunge et Courtney Love à leur mariage à Honolulu au milieu des touristes obèses ; des tournées triomphales aux soirs de doute, Boddah a tout vu et tout entendu. Il tenait tête à Kurt quand il le fallait, osait le critiquer, tentait même de lui faire prendre conscience des réalités ! Dès lors, qui mieux que Boddah pouvait retracer le parcours de cette météorite trash que fut le chanteur de Nirvana, entre musique, héroïne et amour fou ? Mêlant scènes réelles et imaginaires, conversations authentiques et dialogues inventés, Le roman de Boddah s'offre un narrateur omniscient d'un genre nouveau, témoin, confident, bonne et mauvaise conscience, Jiminy Cricket au milieu des guitares cassées « Les mots qu'on ne me dit pas » de Véronique Poulain – Ed. Stock "Salut, bande d'enculés ! ". C'est comme ça que je salue mes parents quand je rentre à la maison. Mes copains me croient jamais quand je leur dis qu'ils sont sourds. Je vais leur prouver que je dis vrai. "Salut, bande d'enculés ! ". Et ma mère vient m'embrasser tendrement. Sans tabou, avec un humour corrosif, elle raconte. Son père, sourd-muet. Sa mère, sourde-muette. L'oncle Guy, sourd lui aussi, comme un pot. Le quotidien. Les sorties. Les vacances. Le sexe. D'un écartèlement entre deux mondes, elle fait une richesse. De ce qui aurait pu être un drame, une comédie. D'une famille différente, un livre pas comme les autres. « Le bonheur national brut » de François Roux – Ed. Albin Michel Le 10 mai 1981, la France bascule à gauche. Pour Paul, Rodolphe, Benoît et Tanguy, dix-huit ans à peine, tous les espoirs sont permis. Trente et un ans plus tard, que reste-t-il de leurs rêves, au moment où le visage de François Hollande s'affiche sur les écrans de télévision ? Le bonheur national brut dresse, à travers le destin croisé de quatre amis d'enfance, la fresque sociale, politique et affective de la France de ces trois dernières décennies. Roman d'apprentissage, chronique générationnelle : François Roux réussit le pari de mêler l'intime à l'actualité d'une époque, dont il restitue le climat avec une sagacité et une justesse percutantes. « Toute ressemblance avec le père » de Franck Courtès – Ed. JC Lattès " Au même âge que mon fils, je m'étais hissé au sommet d'une meule un soir, au bord du plateau. Je dominais la vallée de l'Ourcq. La nuit approchait. Les nuages venaient de loin et j'avais un peu froid. Devant moi, la terre brune, les bois sombres, le vent dans mon dos, dessinaient les contours du bonheur, les points cardinaux d'une boussole imaginaire. J'étais un cristal de garçon." Comment se défait-on des fantômes du passé ? Ils sont trois personnages, une mère et ses deux enfants, Mathis et Vinciane, à tenter de survivre après la mort accidentelle de Jacques. Si Mireille, inconsolable, s'est figée dans son destin de veuve d'un héros magnifié, Vinciane, elle, traverse les océans pour oublier. Quant à Mathis, prisonnier de l'image paternelle, il enchaîne les conquêtes et s'abîme dans la séduction. Tous se débattent mais le fantôme de Jacques rôde, un fantôme qui épouserait les fantasmes et les culpabilités de chacun. Mais vient un jour où il faut solder les comptes et songer à l'avenir.

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