La route est droite
Dans le temps judiciaire, huit jours constituent une
broutille. Trois fois rien. Juste un tour de chauffe pour les enquêteurs, les
magistrats et les avocats. Instruire l'affaire de blanchiment de fraude fiscale
pour laquelle l'ancien ministre du budget s'est fait pincer prendra encore
beaucoup de temps mais au final, le fier Cahuzac écopera sans doute d'une peine
moins lourde qu'un jeune chômeur voleur d'autoradio en banlieue. Selon que vous
serez puissant ou misérable, etc.
Dans le temps médiatique, une semaine c'est énorme. Depuis
huit jours, l'affaire Cahuzac fait la Une des journaux. Les reporters de
terrain et les éditorialistes de tous bords aliment l'idée quand même excessive
que le pays est traversé par un tsunami de corruption et que le pouvoir, lui,
est aux abois.
Car dans le temps politique, une semaine, c'est carrément
une éternité. Et de cette éternité-là, M Hollande ressortira terriblement
vieilli. Déjà recordman des sondages en creux avec une cote de popularité
inférieure à 30% ce qui ne s'était jamais vu au 11e mois d'un mandat, le chef
de l'état sera lui condamné à coup sur. Condamné à trouver un truc, une astuce,
un "choc" le nouveau mot à la mode au château, pour sortir de la
crise.
Alors, oui, mais quoi ? Une dissolution aurait été
suicidaire, un référendum risqué, un remaniement inefficace, une nouvelle
déclaration télévisée contre productive vu les retombées de la précédente.
Reste peu de choses. Ce sera donc une loi portant moralisation de la vie
politique plus l'obligation faite aux ministres de publier leur patrimoine sur
internet. Peut-être en plus aura-t-on droit à une réflexion en profondeur sur
la transparence confiée à une commission ou à un comité "Théodule"
comme c'est chez nous la tradition.
Bref, comme disait Raffarin autrefois, "la route est
droite, mais la pente est forte ".
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