Question d'autorité à l'Elysée
Il n'y a pas si longtemps, tout le monde reprochait à
Sarkozy son autoritarisme, son exercice solitaire du pouvoir et la terreur
qu'il était censé inspirer à ses ministres.
Avec Hollande, c'est exactement l'inverse. Non sans
perversion, son adversaire aux primaires socialiste, Martine Aubry, lui avait
collé l'étiquette de l'homme mou et flou. C'était vachard mais à l'épreuve des
faits, on est en droit de se demander si elle n'avait pas raison.
La façon dont l'Elysée et Matignon ont géré ou plutôt oublié
de gérer l'incroyable psychodrame des Roms est à cet égard éloquente.
Pendant huit jours, depuis que Manuel Valls a douté des capacités et de la
volonté d'intégration des Roms dans notre beau pays, pendant huit jours, on a
pu entendre les ministres se crêper le chignon devant micros et caméras. Madame Duflot
accusait le ministre de l'Intérieur de mettre en péril le pacte républicain. Monsieur Montebourg s'amusait à jouer les Casques bleus. Monsieur Fabius réclamait un minimum de
cohérence gouvernementale et Monsieur Bartolone, président de l'Assemblée Nationale, affirmait sans rire que le Président était un homme d'autorité alors qu'il a été le
premier à la flinguer pendant l'affaire Cahuzac en qualifiant de "stupides" les
mesures de transparence imposées aux députés.
Bref, on attendait que les patrons de l'éxécutif tapent du
poing sur la table et on n'a pas été déçus. D'abord Matignon a raconté partout
que Manuel Valls avait ravalé son chapeau et qualifié de maladresse ses propos
sur les roms. Information aussitôt démentie par le ministre de l'Intérieur, ce
qui a obligé Jean-Marc Ayraut à rendre un hommage public à Manuel Valls devant
les députés. Ensuite, il y a eu la phrase terrible de François Hollande au
conseil des ministres : "Je ne tolérerai plus ce genre de choses. C'est la
dernière fois que je le dis. Ceci doit mettre un terme définitif à la
polémique."
"Terme définitif ". Diable, on n'est pas loin du
pléonasme comme "sortir dehors" ou "descendre en bas".
Quant à l'autorité, elle ne se décrète pas, elle s'exerce.
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.