Au fil de l'eau. L'intelligence artificielle au service de la prévention des inondations
Philippe Mauzet, fondateur du bureau d'études Hydratis est l'invité du "Fil de l'eau". Un an après le passage de la tempête Alex qui a balayé une grande partie de la France et causé la mort de 19 personnes, ingénieurs et chercheurs tentent de trouver des solutions pour agir très rapidement pour protéger les populations.
Il y a un an, jour pour jour, le 2 Octobre 2020, la tempête Alex a balayé une grande partie de la France. Après la Bretagne, elle a dévasté les Alpes-Maritimes en tuant 19 personnes à Saint-Martin-Vésubie et en faisant des dégâts considérables.
650 millions de tonnes d'eau en quelques heures, il y a un an, dans les vallées de la Roya et de la Vésubie
Des villages ont été engloutis, des maisons se sont effondrées, un pont a été emporté par les flots au-dessus de la commune de Saint-Martin-Vésubie, 9 personnes ont été tuées et 9 portées disparues. En quelques heures, il est tombé l'équivalent de 650 millions de tonnes d'eau sur la vallée de la Roya et celle de la Vésubie. Face à la multiplication des crues et des inondations, l'intelligence artificielle est devenue aujourd'hui un outil précieux pour anticiper les catastrophes.
"L'intelligence artificielle permet d'anticiper avec précision."
Philippe Mauzetà franceinfo
En 2020, Philippe Mauzet a créé le bureau d'études Hydratis, du côté d'Aix-en-Provence. Grâce à l'intelligence artificielle, la société a mis au point un système innovant de reconstitution du débit de l'eau, ce qui permet de définir à l'avance l'évolution des crues dans les zones inondables.
"Nous pouvons évaluer la réaction d'un bassin versant sur 20 minutes", explique Philippe Mauzet. Actuellement, les modélisations classiques ne peuvent pas apporter de réponses sur des temps de réactions inférieurs à 4 heures."
Philippe Mauzet estime que l'intelligence artificielle est un complément aux prévisions météorologiques classiques qui vont annoncer les conditions à venir, alors que le rôle d'Hydratis est de mesurer les conséquences de ces prévisions.
"L'objectif est d'anticiper et de faire en sorte que les gens ne se trouvent pas au mauvais endroit au mauvais moment", dit-il. La stratégie est donc basée sur des mesures réelles de la pluie, du vent et des cours d'eau, auxquelles l'intelligence artificielle ajoute d'autres facteurs, comme le relief, l'inclinaison de la pente, la capacité d'infiltration dans les sols, les types de cultures, l'état des nappes phréatiques mais aussi la présence ou non de gel ou de neige.
Actuellement, c'est cette diversité de données qui empêche de prédire avec exactitude les zones qui seront inondées et dans quelle mesure.
Des mesures toutes les minutes
Depuis un an, Hydratis s'est concentré sur les zones montagneuses où la réaction des cours d'eau est très rapide.Tout l'enjeu est de collecter un maximum de données dans des communes tests, afin de proposer des outils d'anticipation adaptés.
Actuellement, la société a installé des capteurs sur des bassins versants tests, "nous avons une station tous les 5 kilomètres carrés" explique Mauzet, "ce qui nous permet de fournir des hauteurs d'eau toutes les minutes".
Lors d'un événement climatique, une équipe est mise en alerte 24h sur 24 pour donner des informations aux collectivités et aux habitants, et leur permettre de prendre les dispositions nécessaires pour se protéger et protéger les biens.
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