Cœur de porc greffé sur un humain : la transplantation animale va-t-elle représenter une alternative au don d’organe ?
L’objectif est de trouver une solution à la pénurie d’organes. Les listes d’attente de greffes sont interminables (plus de 25.000 personnes en France). Lorsqu’un donneur décède, on ne dispose que de quelques heures pour prélever ses organes et les transplanter, sinon ceux-ci finissent par manquer d’oxygène et par se détériorer. Il n'y a pas moyen de les stocker car ils ne peuvent pas être congelés.
>> Pour augmenter les greffes d'organes, la France met en place un nouveau plan d'action jusqu'en 2026
Pour remédier à cette urgence, les scientifiques ont commencé à développer des organes artificiels. Mais la recherche ne propose que quelques solutions, comme des implants rétiniens prometteurs, ou un cœur artificiel en attendant une greffe. L’idée est donc venue d’utiliser des organes d’animaux génétiquement modifiés pour éviter les rejets.
Quelques résultats se sont montrés concluants. Un rein de porc greffé à un homme fonctionne sans problème depuis plus de deux mois. C'est aussi le cas avec de la peau de cochon greffée sur un grand brûlé. Et on vient donc d'assister à la deuxième transplantation d’un cœur de porc sur un homme. La première a eu lieu il y a un an et demi, la deuxième, mi-septembre, sur un militaire qui, à cause d'une maladie vasculaire, ne pouvait recevoir de greffe humaine.
Des chimères banques d'organes
Les porcs ont globalement la même taille et la même physiologie que les nôtres. Il y a aussi un côté pratique : on les élève déjà pour leur viande et ils atteignent une taille adulte en à peine neuf mois. C’est pourquoi on voit se développer des fermes spécialisées dans l’élevage de porcs génétiquement modifiés, avec pour seul objectif : la transplantation d’organes (foie, poumon, cœur, reins).
Certains aimeraient aller encore plus loin, avec des animaux hybrides possédant des organes 100% identiques aux nôtres. De véritables chimères mi-humaines, mi-animales, dont on se servirait comme une banque d’organes.
Des barrières éthiques qui baissent ?
Pendant longtemps, il y avait un consensus entre les pays pour interdire l’élevage de ces chimères au-delà de 15 jours. Mais la Chine et le Japon ont fini par autoriser des chercheurs à dépasser la limite.
Évidemment, certains s’inquiètent. Est-ce qu’on ne joue pas les apprentis sorciers avec ces organismes mutants mi-hommes, mi-animaux ? Plus globalement, est-ce qu'il est moral de cultiver et de récolter des organes sur un animal pour soigner l’homme ? On se doute de la réponse des partisans du bien-être animal. On se doute aussi de celle des chercheurs. On aimerait entendre celle des malades en attente de greffe.
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.