Emploi : l'intelligence artificielle, pas (encore ?) le meilleur outil pour les ressources humaines

Une étude d'un chercheur new-yorkais démontre que le recrutement et les ressources humaines gérés par l'intelligence artificielle n'est pas une grande réussite et mériterait plus de réflexion.
Article rédigé par franceinfo - Damien Bancal
Radio France
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Temps de lecture : 3min
Réalité virtuelle, intelligence artificielle... Les entreprises tentent de faire évoluer leurs process de recrutement. Photo d'illustration (ALEXANDRE MARCHI / MAXPPP)

L'intelligence artificielle deviendrait un allier pour les ressources humaines pour recruter les meilleurs candidats. Des outils informatiques capable d’analyser les CV, d’évaluer la voix ou encore d’analyser le langage corporel.

Une enquête IBM menée fin 2023 auprès de plus de 8 500 professionnels de l'informatique a montré que 42 % des entreprises utilisaient déjà le contrôle de l'IA pour améliorer le recrutement. 40 % des personnes interrogées envisageaient d'intégrer l'IA dans leur processus RH.

Pourquoi un tel engouement pour l'IA chez les recruteurs ?

Gain de temps, économie sur le personnel des ressources humaines, la technologie de recrutement par l’IA mettrait également fin aux préjugés dans le processus de recrutement. Mais il semble que ce ne soit pas le cas. Hilke Schellmann, professeur adjoint de journalisme à l'Université de New York, auteur d’une étude sur le sujet, explique que le plus grand risque que ces logiciels posent pour l'emploi n'est pas que les machines prennent la place des travailleurs, mais plutôt qu'elles les empêchent d'obtenir un travail.

Par exemple, une maquilleuse britannique, déclarée comme "un excellent élément" par un recruteur, s'est vue recalée en 2020 par l’intelligence artificielle de la société HireVue. Après avoir analysé le visage de la candidate, lors de l'entretien, l'IA n'a pas aimé son langage corporel. Depuis, l’option a été retirée du logiciel de recrutement.

D'autres cas, aux USA, ont vu des candidats sélectionnés car l'intelligence artificielle avait comparé leur CV à celui des employés existants, mettant une bonne appréciation quand les demandeurs d'emploi avaient ajouté Basket-ball ou baseball dans leurs loisirs. Des sports déjà présents dans les CV des employés de l'entreprise. Quand le candidat mettait "softball", un sport féminin, le candidat était écarté !

Uniquement la faute des recruteurs ?

La faute est aussi à mettre au crédit du marketing des éditeurs de logiciel de RH. Hilke Schellmann s'inquiète également des logiciels sous-développés, voire défectueux, trop rapidement mis sur le marché pour répondre à la demande des recruteurs.

Et l'IA, dans la vie des employés, il y en a partout. Google, par exemple, vient de lancer Goose, une IA interne qui regroupe 25 ans d'expertise en ingénierie. De son côté, Microsoft a récemment déployé son outil Copilot auprès de ses équipes. Et en France, la société Acorus, spécialiste du BTP, a formé 140 salariés à ChatGPT, de la comptabilité aux bureaux d'études. L’usage de l’IA doit permettre de gagner du temps et d’accentuer l’efficacité au quotidien des salariés.

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