La neuroscience pour cerner comment l’humain distingue une voix générée par l'IA d'une voix naturelle

Une étude a été présentée au Forum 2024 de la Fédération des sociétés européennes de neuroscience (FENS). Elle démontre la difficulté à différencier les voix humaines des voix générées par l'intelligence artificielle (IA).
Article rédigé par franceinfo - Damien Bancal
Radio France
Publié
Temps de lecture : 2min
Portrait abstrait d'une intelligence artificielle générée par code (photo d'illustration). (YUICHIRO CHINO / MOMENT RF / VIA GETTY)

Menée par Christine Skjegstad et le professeur Sascha Frühholz de l'université d'Oslo, l'étude présentée lors du Forum 2024 de la Fédération des sociétés européennes de neuroscience (FENS) a impliqué 43 participants. Ces derniers ont écouté des voix humaines et des voix générées par l'intelligence artificielle exprimant cinq émotions différentes : neutre, en colère, peur, joie et plaisir, pendant que leur activité cérébrale était observée par IRM.

Les résultats sont révélateurs : les participants ont correctement identifié les voix humaines seulement dans 56% des cas et les voix créés par l'IA dans 50,5% des cas. Les voix humaines exprimant la joie ont été correctement identifiées dans 78% des cas contre 32% pour les voix d’IA. Les voix neutres générées par l’IA étaient correctement identifiées 75% du temps, contre seulement 23% pour les voix humaines neutres.

Différentes zones du cerveau stimulées

Malgré ces difficultés d’identification, les scanners cérébraux montrent des réponses distinctes. Les voix humaines activent des zones liées à la mémoire et à l'empathie, comme l'hippocampe et le gyrus frontal inférieur. En revanche, les voix d'IA stimulent des régions associées à la détection des erreurs et à la régulation de l’attention, notamment le cortex cingulaire et le cortex préfrontal.

Un biais de perception intéressant a été observé : les voix neutres sont souvent perçues comme des voix mises en place via l’intelligence artificielle, tandis que les voix joyeuses sont considérées comme humaines. Les voix féminines neutres d’IA, en particulier, sont souvent identifiées correctement, probablement en raison de la familiarité avec les assistants vocaux comme Siri, Google et Alexa. 

Cette recherche pourrait influencer la manière dont nous percevons et interagissons avec les technologies vocales. Les chercheurs souhaitent explorer comment les traits de personnalité influencent la capacité à distinguer les voix humaines de celles de l'IA. L’importance, aussi, de comprendre ces réponses pour développer des politiques et des directives éthiques concernant l'IA vocale et de contrer la prolifération de fausses vidéos (fakenews) générées par l’IA.

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