Une première dans le monde de l'art : Sotheby's met en vente une œuvre signée par un robot
Cet événement inédit dans le monde de l'art se passe chez Sotheby’s, la prestigieuse maison d’enchères. C'est la première fois en effet qu'est vendue une œuvre créée, non pas par un artiste humain, mais par un robot, baptisé Ai-Da. Une peintre pas comme les autres. Ai-Da, "une" robot ultra sophistiquée, mi-mécanique, mi-poète, est née en 2019 de la vision d'Aidan Meller, galeriste britannique, en collaboration avec des chercheurs de l'Université d'Oxford et une entreprise spécialisée dans l'intelligence artificielle. Ai-Da doit son nom à Ada Lovelace, une comtesse britannique qui fut la première à voir le potentiel algorithmique programmable de ce qui est considéré comme le précurseur des ordinateurs : la machine de Babbage
Ai-Da a de jolis yeux qui cachent des caméras, une mèche rebelle, habillée d’une salopette d’où sort un bras mécanique ultraprécis. Une artiste au "cerveau" boosté par des algorithmes, capable de composer et créer des œuvres originales. Ai-Da ne se contente pas de copier. Elle observe, interprète et compose en fonction de son "inspiration" algorithmique. Le tableau mis en vente du 31 octobre au 7 novembre s'appelle Dieu de l'IA (IA God). La création rend hommage à Alan Turing, le père de l'informatique moderne. "En commémorant Alan Turing dans mon œuvre, explique Ai-Da, je souhaite honorer ses contributions à la fondation de l'informatique moderne et de l'intelligence artificielle."
Ai-Da Robot a réalisé une toile abstraite, de 2,10 m de haut, aux couleurs sombres. L'artiste cybernétique a interprété Turing avec un visage brisé et des tons mystérieux qui interrogent l'héritage de l'intelligence artificielle et l'avenir de la création artistique. "Je m'inspire du cyborg de Donna Haraway. En créant ce portrait, j'encourage une discussion sur la créativité. Alors que les frontières entre l'humain et la machine s'estompent, j'aide à mettre ces questions en lumière", explique Ai-Da. La toile a été exposée, en mai dernier, aux Nations unies, à Genève, ainsi qu'à la Chelsea Factory. Ai-Da a même prononcé des discours au 10 Downing Street ou encore, à la chambre des Lords.
L’IA est-elle la nouvelle poule aux œufs d'or de l’art contemporain ?
Est-ce que les robots peuvent vraiment créer de l’art ? Certains diront que l’âme manque à ces créations, tandis que d’autres y voient une avancée fascinante. Une chose est sûre : une première mise à prix de 120 000 dollars au lancement de la vente, le 31 octobre, montre que l’artiste informatique Ai-Da et son œuvre Dieu de l'IA ne sont pas passées inaperçues. Cette vente pourrait bien marquer le début d’une nouvelle ère artistique où la machine inspire autant que l’homme. À suivre donc, et surtout, à méditer, d'autant plus que dès le 20 novembre, une nouvelle œuvre étonnante sera mise en vente : l'artiste italien Maurizio Cattelan, un humain cette fois, proposera une banane collée avec du scotch sur une toile blanche pour la modique somme d'un million de dollars. À vous de choisir.
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