WhatsApp, Messenger.. La Cour européenne des droits de l'Homme s'oppose à l'obligation de fournir les clés pour déchiffrer les messages
Cette décision de la Cour européenne des droits de l'homme, le 13 février, marque une étape significative dans le débat sur la vie privée numérique. Tout a commencé en octobre 2017 lorsque le service de sécurité russe (FSB), a exigé de la messagerie Telegram de fournir les moyens de décoder tous les messages électroniques publiés par les utilisateurs. La demande a été émise après le décès de 16 personnes dans un attentat à Saint-Pétersbourg, alors que les terroristes communiquaient via Telegram, selon le FSB. Mais les créateurs de Telegram, Nikolai et Pavel Durov refusent de coopérer. Et la Russie, alors membre de la CEDH, porte l' affaire devant la justice en 2019, avant de quitter l'institution trois ans plus tard, laissant le dossier en suspens.
Aujourd'hui, pour les messageries numériques (WhatsApp, Messenger, Signal, ou encore Ovid), le chiffrement est une solution de sécurité et de confidentialité pour les conversations. Que vous soyez un opposant politique, un chef d'entreprise ou un individu souhaitant protéger sa vie privée, le chiffrement bloque toute tentative malveillante de lire vos messages et d'espionner vos vidéos et photographies diffusées.
Impossible de cibler uniquement les suspects
Depuis plus d'une décennie, plusieurs pays, dont les États-Unis et la Russie, ont mis en avant le présumé danger du chiffrement. Cette sécurité empêcherait de lutter contre le crime organisé et le terrorisme. Parmi les arguments forts, cela protégerait aussi les espaces pédopornographiques. Pour cet exemple, le chiffrement ne semble pas être une barrière infranchissable. En France, la gendarmerie nationale a mis fin, en janvier 2024, à des groupes de diffusion de documents pédopornographiques sur le web et un responsable arrêté passait pourtant par la messagerie Telegram.
En janvier 2024, la police canadienne a tenté de s'introduire dans trois téléphones portables appartenant à un individu soupçonné de crime informatique. Durant un an, les policiers ont testé plus de 170 millions de mots de passe, sans résultat. Leur demande d'augmenter le temps de recherche a été rejetée par la Cour suprême de l'Ontario, estimant qu'il faudrait des milliards d'années pour espérer trouver la bonne clé d'entrée.
Bien que motivées par des objectifs légitimes, les mesures d'affaiblissement du chiffrement suscitent une vive opposition. Les critiques avancent qu'il est techniquement impossible de cibler uniquement les suspects sans compromettre la sécurité de tous les utilisateurs. La Cour européenne des droits de l'Homme a donc tranché. L'affaiblissement du chiffrement à la demande des autorités risque de porter atteinte aux droits fondamentaux des citoyens. Elle donne ainsi raison aux défenseurs de la vie privée.
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