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BD, bande dessinée. Portraits de femmes

Que nous disent les auteures de BD de la condition des femmes aujourd’hui ? Que les clichés ont la vie dure. Et que les femmes remarquables sont encore dans l'ombre de l'histoire.

Article rédigé par franceinfo, Jean-Christophe Ogier
Radio France
Publié
Temps de lecture : 3min
DES FEMMES REGARDENT DES FEMMES (AUDE PICAULT, DARGAUD / AISHA FRANZ, L'EMPLOYE DU MOI / PENELOPE BAGIEU, GALLIMARD)

Que nous disent les auteures de BD de la condition des femmes aujourd’hui ? Que les clichés ont la vie dure. Et que les femmes remarquables sont encore dans l'ombre de l'histoire. Avec Aude Picault, Aisha Franz et Pénélope Bagieu.

Recherche idéal féminin

Ce n’est évidemment pas le seul sujet qu’abordent les dessinatrices de plus en plus nombreuses à faire de la bande dessinée, mais la condition des femmes est une source de réflexion qui alimente nombre de leurs récits.

Soin du visage, sèche-cheveu, maquillage: chez Aude Picault, la condition de la femme commence dans la salle de bain. Dès la première page d’Idéal standard, l’impératif du paraître s’affirme, d’un trait léger, dans les gestes de son personnage et le reflet des miroirs. Paraitre en forme, paraitre jolie, paraitre à la mode, paraitre désirable dans le regard des hommes, car, oui, l’idéal est bien de trouver chaussure à son pied et le prince charmant dans son lit.

Claire, elle s’appelle Claire, sera confrontée à tous les clichés de la trentenaire à la recherche du bonheur calibré. Et va s’en trouver désemparée. Sauf au travail, où elle assure avec force et compétence. Avant d’attaquer l’album, Aude Picault dit avoir listé les sujets qu’elle souhaitait aborder : le couple, la maternité, le pouvoir, l’engagement, les symboles féminins et masculins… qu’elle tricote habilement. On a dit tricoter ? Faute !

Idéal standard, Aude Picault, aux éditions Dargaud.

Shit is real de l’allemande Aisha Franz creuse la même veine. Même jeune femme et même besoin irrépressible de se conformer aux canons du moment pour entrer dans le moule préformé. Avec des parenthèses oniriques. Ici, les angoisses et les désirs nourrissent les rêves qui ponctuent ce portrait de trentenaire mal dans sa peau. Le dessin au crayon de papier, rehaussé à l’encre, volontairement primitif, court sur près de 300 pages.

 Shit is real, Aisha Franz, est édité à L’employé du Moi.

Des femmes, des vraies

Nous n’avions pas encore signalé la parution du deuxième volume de Culottées. Sous-titré Des femmes qui ne font que ce qu’elles veulent, il s’agit d’une galerie de portraits de femmes puissantes, pas forcément connues à la hauteur de leur parcours et de leur personnalité.

Pénélope Bagieu, qui brosse tout en vigueur et en finesse ces portraits enlevés, met un point d’honneur à placer en pleine lumière Temple Grandin, l’interprète des animaux, l’athlète Cheryl Bridges, Phulan Devi, la reine des bandits, la volcanologue Katia Krafft ou encore Hedy Lamarr dont on sait peut-être qu’elle fut une actrice d’une beauté à couper le souffle dans les années 1940. Qui se souvient en revanche qu’elle est l’inventrice de la technique Lamarr, système de codage utilisé dans les liaisons militaires chiffrées et qui sert toujours pour le Wi-Fi ? Eh bien, au moins Pénélope Bagieu, dont les deux tomes de Culottées sont édités chez Gallimard BD.

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