BD, bande dessinée. Retour à Fourmies
Le dessinateur Alex W Inker n’a pas oublié la fusillade à Fourmies, dans le Nord. C’est arrivé le 1er mai 1891. Ce devait être un jour de fête, un défilé de revendications. La troupe a fini par tirer sur la foule. Enfant du pays, Alex Inker se souvient.
En 1891, le 1er mai n’est pas encore chômé. Depuis deux ans, depuis le Congrès de la deuxième Internationale socialiste, c’est une journée de manifestation non autorisée.
Une belle journée qui dégénère
Ce jour-là, à Fourmies, comme ailleurs, les ouvriers revendiquent la journée de 8 heures de travail. Les patrons des usines textiles du Nord voient ça d’un très mauvais œil. Ce 1er mai 1891, pourtant, l’ambiance est bon enfant. Jusqu’au moment où la gendarmerie, qui veut en finir, arrête une poignée d’hommes.
Pour les manifestants, il s’agit désormais d’obtenir la libération des leurs. Les choses s’enveniment. Dépêchée sur place à la demande du préfet, la troupe tire. 9 morts, dont 2 enfants, 35 blessés : la fusillade de Fourmies restera dans les mémoires. Alex Inker a grandi à Fourmies.
C’est une BD très intime. Mes grands oncles et tantes avaient travaillé dans l’industrie textile. Mon école primaire était sur la place de la fusillade, que j’ai traversée chaque jour. Ma mère travaillait dans le bâtiment où avaient été enfermés les ouvriers arrêtés.
Alex W Inker
En rouge et noir
Dans cette BD, ce n’est pas le bleu de travail, mais le rouge qui domine. Rouge comme la chevelure de Maria, aussi décidée à faire valoir son bon droit qu’à profiter du beau temps pour cueillir des fleurs et aller danser. Rouge comme le soleil qui se lève au-dessus des cheminées d’usine. Rouge comme le foulard de ce gamin de 11 ans qui sera la plus jeune victime du drame. Rouge enfin comme les képis et les pantalons garance des soldats, aussi jeunes que celles et ceux à qui ils font face.
Alex Inker les regarde tous au plus près. On le sent parmi les siens. Quand les fusils se taisent, il ne fait aucun commentaire. Son dessin parle pour lui.
Fourmies la Rouge, aux éditions Sarbacane.
Tous les 15 jours, Jean-Christophe Ogier accueille ici la chronique "Info manga" de Lætitia de Germon de la rédaction de franceinfo.fr. Pour vous guider parmi les nombreuses parutions, Lætitia vous livre sa sélection et ses coups de cœur.
Tezucomi, chez Delcourt/Tonkam
Retrouvez les personnages les plus emblématiques d'Osamu Tezuka, le père du manga moderne, à travers la plume d'auteurs et illustrateurs contemporains du monde entier. Ce magazine est sorti en 2018 au Japon pour célébrer les 90 ans de la naissance d'Osamu Tezuka. Il arrive cette chez Delcourt.
La plupart des récits sont courts, on trouve également des extraits comme "Search and Destroy (Dororo)", repris par Atsushi Kaneko (Soil, Wet Moon) et "Ayako", repris par Kubu Kurin. Ces deux séries sont publiées chez Delcourt-Tonkam. Jean-David Morvan et Scie Tronc reprennent "Midnight", Elsa Brants et Bertrand Gatignol reprennent "Black Jack", Reno Lemaire reprend quant à lui "L'histoire des 3 Adolf".
Les auteurs sont tous présentés et ils s'expliquent dans une brève interview sur leur choix d'adaptation. La partie concernant Mauricio de Sousa est un peu plus longue puisqu'il a personnellement connu Tezuka. On peut découvrir l’influence du maître sur son œuvre.
Peu importe le style du dessinateur, les personnages emblématiques de Tezuka sont toujours reconnaissables. Le roi Léo est très reconnaissable même si, sous la plume de Reno Lemaire, le lion paraît un peu plus féroce. On reconnaît immédiatement Black Jack, le chirurgien de l'ombre revisité par Elsa Brants, et Bertrand Gatignol, grâce à ses cheveux bicolores et sa cicatrice sur le visage. Que l'on connaisse ou pas l'œuvre d'Osamu Tezuka, cette anthologie donne envie de s'y intéresser.
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.