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Dessiner la guerre

Très lié à l'Ukraine, le dessinateur italien Igort a tenu en images le journal de l'invasion du pays par les troupes russes. Humain et glaçant.
Article rédigé par Jean-Christophe Ogier
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 1min
La BD, pour porter la plume dans la plaie (IGORT, FUTUROPOLIS / IGORT, FUTUROPOLIS / IGORT, FUTUROPOLIS)

Le dessinateur est italien. Il s’appelle Igort, pseudonyme composé à partir de son prénom russe, Igor, parce que ses parents étaient toqués de culture slave. Lui-même a épousé une Ukrainienne. Et cela fait déjà de nombreuses années qu’il s’intéresse à ce qui se passe à l’Est.

La survie au bout du fil

Ça a donné Les Cahiers Russes et Les Cahiers Ukrainiens, dans lesquels il revenait longuement et douloureusement sur l’Holodomor, la grande famine imposée par Staline, qui décima la population ukrainienne, en 1932 et 1933. Igort signe aujourd’hui Journal d’une Invasion, un récit-témoignage qui s’appuie sur les coups de fil quotidiens passés avec les proches, la famille, les amis qui se trouvaient en Ukraine, aux premiers jours d’une guerre que Vladimir Poutine avait voulue 'éclair', et qui dure depuis un an.

L’une des nombreuses qualités de ce livre, c’est justement le rappel de la dimension historique de ce conflit. Igort le fait, sans rien cacher non plus des égarements pro-nazis de certains Ukrainiens durant la Seconde Guerre mondiale. Une autre qualité de ce livre est d’avoir choisi de traiter le conflit actuel en composant un puzzle de petites histoires. En mettant en scène des hommes, des femmes, des jeunes et des vieux, clairement identifiés.

"L’idée, c’est de regarder l’Histoire avec le regard le plus petit possible : toutes les choses primaires, se nourrir, survivre, se laver, avec le manque d’électricité, le manque de chauffage, le manque d’eau."

Le dessinateur Igort

à franceinfo

La signature graphique d’Igort est puissante. Il travaille à la plume et regarde souvent ses personnages dans les yeux. Pour ne rien cacher de la violence et de la souffrance. Mais en prenant garde de ne pas faire du beau avec les horreurs de la guerre.

"Avec un livre témoignage, on n’a pas le droit à la pornographie du dessin. Il faut faire un pas en arrière. Quand la violence dépasse l’acceptable, j’essaye de la représenter avec des visions un peu cubistes."

Le dessinateur Igort

à franceinfo

Cette nudité du trait est terriblement efficace. Les Cahiers ukrainiens, Journal d’une invasion, Igort, aux éditions Futuropolis.     

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