L’homme est-il bon ?

Dans Antipodes, David B. et Eric Lambé nous invitent à goûter un peu de chair humaine.
Article rédigé par Jean-Christophe Ogier
Radio France
Publié
Temps de lecture : 3 min
Chanter ou être manger, telle est la question. (ERIC LAMBE, CASTERMAN)

David B. est un érudit. Il se nourrit littéralement de livres. Et l’on retrouve des livres partout dans ses histoires. Rien d’étonnant donc à ce qu’ils apparaissaient encore une fois, quand commence le récit dont il signe aujourd’hui le scénario, accompagné au dessin par le belge Eric Lambé.

Une histoire de cannibales 

Nous sommes en 1557, dans une petite communauté d’Indiens de la côte brésilienne, une communauté qui cohabite avec les colons européens récemment installés. Dès la première page un Indien, nu, attentif puis hilare, se marre devant la représentation qu’on fait de lui, dans le livre que lui présente un blanc, tout aussi nu.

"Les Indiens étaient fascinés de voir les Européens tourner des pages et leur dire qu’il y avait quelque chose dedans, que cela avait un sens. La passion des livres peut se communiquer même à des gens qui n’en ont pas."

Le scénariste David B.

à franceinfo

L’histoire d’Antipodes, c’est la confrontation – curieusement assez tranquille – des cultures et des modes de vie. Évidemment, les Indiens Tupinambas mangent leurs ennemis. Mais avec beaucoup de délicatesse, après avoir hébergé et soigné leurs prisonniers une année entière. Ça aussi, c’est vrai.

Devant l’horreur que ce cannibalisme rituel suscite chez les envahisseurs, les Indiens s’étonnent qu’on veuille les convertir à honorer un dieu dont il faut aussi chaque dimanche manger le corps et boire le sang, certes de manière symbolique.

David B. s’est toujours passionné pour les autres civilisations. Cette curiosité lui permet – et nous invite –  à regarder nos propres mœurs, avec distance. D’autant plus que cette histoire se passe au moment où de l’autre côté de l’océan, chez nous, le royaume de France traverse les guerres de religion. 

Un dessin tout aussi goûteux 

Le dessinateur Eric Lambé a fait bouger son trait en s’inspirant des estampes de la Renaissance, notamment celles de Théodore de Bry, qui avait gravé les descriptions des expéditions européennes de la découverte de l'Amérique. Les couleurs sont très douces. Les planches, très élégantes.

Antipodes, d’Eric Lambé et David B., aux éditions Casterman.

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