Le plus célèbre inconnu de la Grèce antique

Martin Veyron imagine la vie d'Erostrate, l'homme qui mit le feu au temple d'Ephèse pour passer à la postérité.
Article rédigé par Jean-Christophe Ogier
Radio France
Publié
Temps de lecture : 2min
Oubliez ce nom, c'est un ordre ! (MARTIN VEYRON, DARGAUD)

Si le nom d’Erostrate ne vous dit rien, c’est normal. Et pour cause : on a tout fait pour qu’il disparaisse. En 356 avant Jésus-Christ, ce citoyen athénien avait pourtant tout fait, lui, pour qu’on se souvienne de son nom.

Toute ressemblance avec l’actualité ne serait bien sûr que pure coïncidence

Trop paresseux pour être poète ou discobole, il avait eu l’idée, aussi stupide que saugrenue, de mettre le feu à l’une des plus belles réalisations de l’Antiquité : le temple d’Artémis à Ephèse. Du temple, considéré comme l’une des merveilles du monde, il n’est rien resté. Et le bonhomme s’en vantait. "C’est moi qui ai mis le feu, c’est moi qui ai mis le feu !". Mais pourquoi as-tu fait ça ? "Pour devenir célèbre, pour passer à la postérité !".

En fait de postérité, le gaillard fut condamné à passer sur le bûcher – tu as fauté par le feu, tu périras par le feu. Et surtout, il fallait qu’il tombât dans l’oubli. Il fut désormais strictement interdit de prononcer son nom. Au risque de se voir à son tour exécuté. 

Martin Veyron invente sa vie dans une copieuse BD de plus de 200 pages qui a pour titre… Erostrate !

"Télé réalité, réseaux sociaux : il me semblait qu’il flottait dans l’air de temps une furieuse envie de devenir célèbre qui saisit tout un chacun sans qu’il ait de dons particuliers. Les peuples aiment bien les crétins spectaculaires."

L'auteur, Martin Veyron

à franceinfo

Martin Veyron a le talent de nous raconter le parcours de ce prétentieux crétin d’Erostrate comme s’il avait lui-même grandi dans la Grèce du IVe siècle avant JC. Citoyens, esclaves et demi-dieux causent comme s’ils se croisaient au marché ou au troquet du coin. Les péripéties se succèdent qui font revivre avec jubilation et gourmandise les bêtises de ce piteux bellâtre mégalo.

La fable, évidemment, fait réfléchir. Quant au dessin... c’est beau comme l’Antique, bien sûr.

Erostrate de Martin Veyron, aux éditions Dargaud.

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