Moebius chevauche les étoiles
Au lendemain du grand départ
de Jean Giraud – Moebius, combien d’images sont-elles repassées devant nos
yeux ?
Celles des années Pilote,
d’abord, quand celui qui avait été l’élève de Jijé, maître ès western, reprenait
à son compte les grandes chevauchées. Ces
décors de Messa indiennes se découpant sur l’immensité du ciel, son art de la
mise en scène dynamique, ses corps en mouvement et le nez cassé de Blueberry ,
figure héroïque que celle du jeune Jean-Paul Belmondo avait inspirée sont
inscrites à jamais dans l’histoire du 9e art.
Jean Giraud aurait pu n’être
que cela qu’il aurait déjà gagné sa place au Panthéon de la bande dessinée. Il
n’est qu’à regarder dans les bacs des libraires le nombre de ceux qui ont copié
ses coups de plume, ses ombres hachurées et son pinceau réaliste.
Mais à tant fréquenter les
déserts, à écouter, hypnotisé, le chant des chamans, à se laisser griser par les herbes magiques et,
surtout, à rêver la tête dans les étoiles, Gir allait devenir Moebius, celui
qui allait insuffler à la science-fiction des années 70 sa part
d’introspection.
Arzach, Le Garage hermétique , Le Monde d’Edena furent
autant de portes qui permirent au lecteur des magazines Métal Hurlant et À suivre de regarder ailleurs et autrement.
Invité de France Info à
l’occasion de la grande rétrospective que la fondation Cartier pour l’art
contemporain lui avait consacrée en 2010, il se définissait comme un moment
charnière de l’histoire de la bande dessinée.
Toujours plus loin, toujours
plus intime, Jean Giraud Moebius n’a jamais arrêté de chercher et d’innover. Dans ses derniers travaux, il tenait
encore à l’équilibre entre le pur dessin, foisonnant, complexe et limpide, et
des cases lâchées où il se met ironiquement en scène, Inside Moebius , pour reprendre le titre de ses ultimes carnets.
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