Poussés par les voiles de l'histoire

Les lecteurs de Circus, magazine phare de la BD francophone du siècle dernier, se souviennent encore du choc que fut l’arrivée des Passagers du vent. Nous étions en 1979 et le souffle de l’aventure allait nous emporter plus de quatre décennies durant.

Hisse et Ho et pare à virer

Dès les premières pages, tout y était : l’appel du large, un drame et des héroïnes - Isa, Mary, avant Zabo et Klervi -, ce qui était rare à l’époque. Sans oublier le perfectionnisme, la maniaquerie de l’auteur. Le navire sur lequel il embarque ses personnages ? Il en a fait la maquette précise en bois, n’oubliant aucuns détails pour ne pas être pris en faute. Sa documentation est rigoureuse, puisée dans les meilleures archives. 

"Dans une période de chômage, j’avais fait une maquette de bateau, une frégate du 18e siècle. J’avais aussi sous la main les quatre livres de Jean Boudriot "Le Vaisseau de 74 canons" qui racontait un bateau dans tous ses détails, des hamacs aux cuisines. Quoi de plus tentant que de faire évoluer des personnages dans ce huis-clos."

François Bourgeon

à franceinfo

Les passagers du Vent – et ce sera nouveau là encore – seront vite utilisés en classe, au collège et au lycée. Car, et c’est là sans doute l’essentiel, le premier cycle des Passagers du vent raconte l’histoire de la traite négrière, le commerce triangulaire.

Ces 5 livres – La Fille sous la dunette, Le Ponton, Le Comptoir de Juda, L’Heure du serpent et Le Bois d’ébène – ont connu un tel succès que chaque titre s’est vendu à plus d’un million d’exemplaires.

Et enfin la Commune

François Bourgeon est revenu à sa série phare à la fin des années 2000 avec La Petite Fille Bois-Caïman pour une séquence en Louisiane pendant la guerre de Sécession, avant le retour en France pour parler de la Commune de Paris. Le Sang des Cerises, dont le second volume est sorti en 2023, clôt cette formidable saga. Les Passagers du vent compte 9 volumes, aux éditions Delcourt. 

Enfin, François Bourgeon a décidé cette année de confier l’ensemble de ses planches originales à la Cité de la BD et de l’image d’Angoulême. Laquelle propose en retour, cet été, une grande rétrospective de l’œuvre du maître breton.