Retour sur le palmarès d'Angoulême 39
On pouvait attendre Bastien
Vivès et Polina , Cyril Pedrosa et Portugal , Etienne Davodeau et les Ignorants , ce fut donc Guy Delisle
et ses Chroniques de Jérusalem .
A 45 ans, le Québécois
installé à Montpellier désespérait de voir un jour son travail honoré. Depuis
l’an 2000, Guy Delisle propose des bandes dessinées dans lesquelles, au fil de
toutes petites cases remplies d’un trait minimaliste et précis, se mêlent
l’autobiographie la plus banale –on le voit beaucoup pousser la poussette de
ses enfants- et l’observation méticuleuse des détails de notre monde, ici un
pin’s à la gloire de Kim Jung il, là les fenêtres murées d’un immeuble
palestinien.
Après Shenzhen vinrent Pyongyang ,
puis Chroniques birmanes et enfin Chroniques de Jérusalem , couronné dimanche
dernier par le Fauve d’or, le Prix du meilleur album du 39ème
festival d’Angoulême.
Des autres prix décernés à
Angoulême nous retiendrons celui de la série pour Cité 14 de Gabus et Reutiman aux Humanoïdes associés, Bride stories de Kaoru Mori chez Ki-Oon,
Prix Intergénérations et le Prix Regards sur le monde qui récompense Une vie dans les marges de Yoshihiro
Tatsumi, chez Cornelius. Ci-dessous, Laetitia de Germon vous parle plus particulièrement de ces deux mangas.
Angoulême 39 a vu le sacre de
Jean-Claude Denis. Lui a du attendre l’âge de 61 ans pour obtenir de ses pairs
la consécration suprême, le Grand Prix de la ville d’Angoulême, qui fait de lui
le Président de la prochaine édition du Festival internationale de la Bande
dessinée.
Grand sensible, tranquille,
presque timide, Jean-Claude Denis annonce qu’il ne mettra pas son travail entre
parenthèses en cette année présidentielle. Sa prochaine BD aura pour titre Zone
blanche et sortira en septembre chez Futuropolis. Il y est question d’un petit
territoire préservé par les ondes
électromagnétiques. Les téléphones portables y restent muets. Gageons que ce ne
sera pas le cas de celui de Jean-Claude Denis d’ici le prochain festival
d’Angoulême.
Tous les 15 jours, Jean-Christophe Ogier accueille ici la
chronique "Info manga" de Lætitia de Germon de la rédaction de
franceinfo.fr. Pour vous guider parmi les nombreuses, parutions, Lætitia
vous
livre sa sélection et ses coups de cœur.
Bride Stories de Kaoru Mori chez Ki-oon
Couronné par le Prix Intergénérations du 39e Festival
d’Angoulême
Amir, 20 ans, est envoyée dans le clan voisin pour y épouser Karluk, son futur
époux, âgé de 12 ans. La jeune fille doit s'adapter à un nouveau village et à
une nouvelle famille qui compte de nombreux enfants et un explorateur anglais,
M. Smith, venu étudier leurs traditions. Amir a tout juste le temps de se faire
à sa nouvelle vie que son clan décide de la récupérer pour conclure une alliance
plus avantageuse avec un puissant voisin.
L'auteur s'attarde sur les us et coutumes de l'Asie centrale, comme la
broderie. Le dessin soigne les détails et les décors.
La bande-annonce de Bride Stories
Lire un extrait de Bride Stories
Une vie dans les marges de Yoshihiro Tatsumi chez Cornélius
Couronné par le Prix Regards sur le monde du 39e Festival
d’Angoulême
Une vie dans les marges est le témoignage du fondateur du
genre Gekiga (manga pour adulte). Fortement influencé par les thématiques du
cinéma néo-réaliste, notamment européen, Tatsumi nous offre une vision du Japon
de l’après-guerre. Roman social et document historique, cette fresque
autobiographique s’adresse aussi bien aux passionnés qu’aux néophytes. Tatsumi
y met en scène son double de papier. Hiroshi Katsumi doit faire face aux
problèmes financiers de son père, à l’échec du mariage de ses parents, à la
jalousie et la mauvaise santé de son frère, et aux innombrables pièges qui
l'attendent sur le marché hautement concurrentiel du manga dans la seconde
moitié du 20e siècle.
A Angoulême, en recevant le Prix au nom de son auteur,
l’éditeur Jean-Louis Gauthey a annoncé que Tatsumi s’était remis à la tâche
pour livrer un troisième volume, inespéré, d’Une vie dans les marges .
Lire un extrait d'Une vie dans les marges
Adaptation d’Une vie dans les marges , Tatsumi d’Eric Khoo
est sortie cette semaine au cinéma. Tatsumi célèbre l’œuvre et la vie du
mangaka japonais. Depuis 1957, le Gekiga, inventé et promu par Tatsumi, aborde
des sujets sérieux et pour adultes. Ses grands noms sont Takao Saitô (Golgo 13 ),
Kazuo Koike (Lone Wolf & Cub ), Hiroshi Hirata (Satsuma ), Yoshiharu Tsuge (L’homme
sans talent ).
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