Salut Burma !

Jacques Tardi revient pour un dernier tour de piste avec Nestor Burma, le détective de choc qu'il promène dans son quartier, le 20e arrondissement de Paris.
Article rédigé par Jean-Christophe Ogier
Radio France
Publié
Temps de lecture : 3min
Du Tardi, en veux tu ? En voilà ! (MAN / JACQUES TARDI, CASTERMAN / JACQUES TARDI, OBLIQUEART PRODUCTION)

On n’y croyait plus. Le dernier Burma signé Jacques Tardi, M’as-tu vu en cadavre, remontait à l’an 2000. Pourtant, nul mieux que le maître au coup de crayon charbonneux n’a incarné le détective au front buté, qui arpente Paris, son éternelle bouffarde à la bouche.

 Tardi chez lui

Le principe des aventures de Nestor Burma, "l’homme qui met le mystère KO", telles que les a imaginées Léo Malet, écrivain populaire de l’après-guerre, c’est de se dérouler, à chaque fois, dans un arrondissement différent de la capitale.

Engoncé dans son lourd pardessus de laine, Burma a sillonné Paris en tous sens ou presque. Ça nous a donné quelques chefs-d’œuvre du 9e art : Brouillard au Pont de Tolbiac, 120, rue de la Gare, Casse-pipe à la Nation, mais il n’y en aura pas pour tout le monde, Malet n’a pas terminé le tour de la question.

Qu’à cela ne tienne ! Tardi, pour ce qui sera sans aucun doute sa dernière histoire de Nestor Burma, prend la relève et détaille, sous toutes les coutures, "son" arrondissement, le XXe, du côté du cimetière du Père Lachaise.

Du Rififi à Ménilmontant

 Disons-le tout net: l’intrigue inventée par Tardi n’a aucune importance. La tête embrumée par une mauvaise grippe, Nestor Burma tourne en rond – c’est lui qui le dit – picole trop et vomit dans le caniveau, laissant Tardi croquer tous les immeubles du quartier, passant et repassant devant chez lui. Pas plus de quatre images par page, pour bien planter le décor dans la grisaille du mois de décembre – on est juste avant Noël, en 1957.  

Tardi en profite pour saluer ses proches qu’on croise au coin des cases : sa compagne, la chanteuse Dominique Grange, Les écrivains Didier Deaninckx et Daniel Pennac, ou encore le chanteur des Garçons bouchers récemment disparu, François Hadji-Lazzaro. Ce n’est plus une BD, c’est une déclaration d’amour. Tout est dit ! Tirez l’échelle ! Passez muscade ! Cette fois, c’en est bien fini. Pour Burma, ça sent le sapin.

Du Rififi à Ménilmontant, aux éditions Casterman.

À noter, Casterman avait préparé le terrain en rééditant l’an dernier Tout Burma par Tardi, en intégrale, format roman graphique. Un joli pavé de Paris.

Dans la même musette, ajoutons un petit livre cartonné à dos rouge, qui sous le titre Tardi, dessins matin, midi et soir, réunit des croquis faits pour le plaisir : un portrait d’Otto Dix, de drôles d’oiseaux, des chats qui dorment, un chien qui pète… C’est souvent rigolo, et c’est publié chez Oblique Art Production.  

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