Son nom est personne
En période de campagne électorale, la politique s'invite jusqu'au rayon bandes dessinées. Sur le registre de la fiction et du documentaire, pour pointer, par exemple, la montée en puissance des idées d'extrême-droite dans le paysage français.
Dès la première case, on nous dit qu’Ulysse Nobody ne s’appelait pas Nobody. Ni Ulysse d’ailleurs. Le ton est donné. Le protagoniste de cette histoire était un illustre inconnu. Et si l’on en parle au passé, c’est sans doute que tout est joué d’avance sous le ciel sombre d’une nuit de Noël au Havre.
La tragédie d'un homme ridicule
Ulysse n’est pas grand-chose, mais il est tout de même un peu acteur, un peu animateur de radio locale. On a du mal à lui donner un âge. Il a vaguement quelques copains de bistrot, et s’il vit seul, il a encore un père pour l’aider à boucler ses fins de mois.
Ce fragile équilibre va se casser la figure. Heureusement, une main secourable tendue par un cacique d’un parti extrêmement droitier va lui permettre de rebondir. La chute n’en sera que plus dure. La fable est triste et cruelle. Et avant tout, politique. Elle est signée au scénario par le romancier Gérard Mordillat.
"On peut dégringoler les marches sans s’en rendre compte. Il suffit de voir comment tous ceux qui ont le sentiment d’être les cocus de la mondialisation, soi-disant heureuse, se réfugient dans un nationalisme qui serait la dernière forteresse qui les protégerait des démons extérieurs."
le scénariste, Gérard Mordillatà franceinfo
Au dessin, Sébastien Gnaedig ne fait pas d’effet de manche. Sa ligne claire, opportunément un peu fade, compte sur la couleur pour éclairer de bleu le ciel normand. Ulysse Nobody a un physique passe-partout, légèrement enveloppé. Et porte le chapeau de façon datée, comme dans un roman de Simenon ou un film de Chabrol.
Ulysse Nobody, de Gérard Mordillat et Sébastien Gnaedig, aux éditions Futuropolis
En quête de l'extrême-droite
De leur côté, c’est sur un registre à la fois documentaire et engagé que La Revue Dessinée et la rédaction de Médiapart se sont associées pour décrypter comment les idées d’extrême droite se sont installées en France.
Montée en puissance dans l’électorat, mais aussi dans le paysage médiatique et les réseaux sociaux, de la dédiabolisation du RN à l’émergence d’Éric Zemmour, la BD, dessinée par Hervé Bourhis, tient aussi de la galerie de portraits. Elle a pour titre Aux Portes du Palais.
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