Un été de sport : Cours, Jesse, cours !
C’est une longue route que celle que Jesse Owens a parcourue, d’une pauvre cabane en bois en Albama, jusqu’à la cendrée de Berlin, où il rafle en 1936 quatre médailles d’or au nez et à la moustache d’Adolf Hitler.
Une démonstration en quatre temps
Médaille d’or du 100m, médaille d’or du saut en longueur, médaille d’or et record du monde du 200m, médaille d’or du relais 4x100. Devant un public qui trépigne d’admiration pour le Führer, sur le sol d’un pays qui affirme la supériorité de la race blanche, cette démonstration de force d’un Afro-américain marquera l’histoire. Et rappelle, en passant, que les jeux olympiques ont toujours une portée politique.
A son retour aux Etats-Unis, bien sûr, la foule l’acclame à la descente du bateau. Mais de peur de perdre des électeurs dans les Etats du sud, le président Franklin Delanoe Roosevelt ne le reçoit pas à la Maison blanche. Il ne lui envoie même pas un télégramme de félicitations. Et Jesse Owens doit continuer à s’asseoir au fond des bus, sur les banquettes réservées aux personnes de couleur.
Une BD poétique autant que politique
De manière étonnante, le dessinateur serbe, Gradimir Smudja, a choisi une forme de bande dessinée très graphique, presque poétique, extrêmement colorée, pour raconter cette vie passée à courir. Courir pour échapper aux animaux – campagnol, oie, ours, alligator – qui effrayaient l'enfance de Jesse. Courir pour fuir la misère et les agressions racistes, courir pour se faire une place au soleil. Enfin, évidemment, courir pour être champion. Chaque case est un petit tableau où le burlesque le dispute au tragique.
Jesse Owens devra attendre les années 1970 pour que, par la voix du président Gérald Ford, l’Amérique s’excuse et le décore.
Jesse Owens, des miles et des miles, de Gradimir Smudja, aux éditions Futuropolis.
Lancez la conversation
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour commenter.