Cet article date de plus de douze ans.

Vert comme la mort

Turquoise, le cahier dessiné de Bramanti et Debomy sur les massacres de masse au Rwanda en 1994, pose la question : Quelles sont les couleurs d'un génocide?
Article rédigé par Jean-Christophe Ogier
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 4min
  (©)

Il
fut un temps où on appelait le Rwanda la Suisse de l’Afrique. Pour la douceur
de ses paysages.

C’est
un pays vert et montagneux. Comme il apparaît dans les images d’Olivier
Bramanti.

Pour
accompagner le texte dans lequel le scénariste et chercheur en sciences
sociales Frédéric Debomy parle du génocide de 1994 à travers les yeux d’une
rescapée, Olivier Bramanti , pendant presque cinq ans, a brossé des paysages
saturés, qui peinent à laisser place au ciel bleu. Quand la mort frappe et que
le regard se brouille, la palette vire au gris.

Si
le vert domine, le titre du livre, Turquoise ,
est celui du nom de l’opération que l’armée française a menée dans le pays. Trop
tard, comme sont arrivés trop tard reporters et caméras.

Comment
exprimer l’horreur par la beauté des images ?

Peindre
le génocide, c’est peindre au dessus des mots insupportables, des détails
atroces, de l’accumulation de la douleur. Plus de 130 tableaux et se demander à
chaque fois si on en a le droit.

On
ne lâche pas ce récit paru dans l’exigeante collection les cahiers dessinés
dirigée par Frédéric Pajak.

Turquoise d’Olivier
Bramanti et Frédéric Debomy.

Tout
aussi exigeant, le travail d’Yvan Alagbé mérite l’effort de lecture que nous
impose son dessin noir et blanc qui  tend
à l’effacement. Nègres jaunes et autres
créatures imaginaires
propose la réédition d’un récit qui en 1994 nous
avait fortement impressionnés et qui parlent d’amour et d’émigrés clandestins. Né d’un père
béninois et d’une mère française, Alagbé est cofondateur des éditions FRMK, porteuses
d’une bande dessinée radicale.

Nègres jaunes et
autres créatures imaginaires
d’Yvan Alagbé, au FRMK.

Tous les 15 jours, Jean-Christophe Ogier accueille ici la
chronique "Info manga" de Lætitia de Germon de la rédaction de
franceinfo.fr. Pour vous guider parmi les nombreuses parutions, Lætitia
vous
livre sa sélection et ses coups de cœur.

Mitsuko Attitude de Mamoru Kurihara chez Delcourt

Après le décès de son père, Mitsuko s'installe chez son oncle
et sa tante. Très vite, elle se rend compte que cette famille, obsédée par sa
santé, adopte des pratiques qu'elle juge extrêmes. Le père se fait des
lavements au café, le fils boit son urine et la petite dernière renifle les
crottes. Après avoir essayé de les convertir aux bienfaits d’une nourriture
riche, Mitsuko apprendra à leurs côtés qu'une bonne hygiène de vie est
essentielle pour vivre plus heureux avec soi-même mais aussi avec les autres.

Un manga décalé où les gags, souvent scato, s’enchainent
très vite. Le graphisme est quant à lui assez expressif. Une manière ludique
d'évoquer les thèmes de l’alimentation et de l’hygiène. Dans sa manière
d’aborder les choses, Mitsuko attitude se rapproche du manga Switch girl .

Zettai Karen Children, tome 1 et 2 , de Takashi Shiina chez
Kana

Aujourd’hui, l’existence des personnes dotées de pouvoirs
extrasensoriels appelées "Esper", est devenue banale. Mais certains Espers
abusent de leurs pouvoirs et les utilisent à des fins malhonnêtes. Pour les
contrer, une brigade spéciale d’Espers a vu le jour. Elle se compose des
Children : Kaoru, Aoi et Shiho, trois jeunes filles qui ont des pouvoirs
super-développés. Elles ont l’air mignonnes et adorables, mais ce sont parfois de
vraies pestes qui mènent la vie dure à Kôichi Minamoto, leur superviseur.

Cette série est une succession d’histoires courtes où l’on
découvre les Children et les rapports qu’elles entretiennent avec Kôichi
Minamoto. Un mélange d’action et d’humour dans un monde relativement
fantastique servi par un graphisme dynamique et percutant.

La bande-annonce de Zettai Karen Children

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