Cet article date de plus de treize ans.

Voyages, Voyages...

Hasard des parutions, deux bandes dessinées, très belles, se répondent, invitations au voyage dans le sillage des artistes de la fin du XIXème siècle.
Article rédigé par Jean-Christophe Ogier
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2min
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L’album le plus lumineux de la rentrée nous arrive porté par un vent breton. Il est signé Bruno Le Floc’h, auteur de bande dessinée très attaché à sa région. C’est une histoire de voyage, à la fin du XIXème siècle. Elle démarre en longeant les dunes de sable qui bordent les côtes de la Mer rouge et nous conduit aux verts multiples des paysages de Pont Aven. Et puis il y a Malte et le désert, et des gris, des bleus, des roses, et des blancs éblouissants. Tout est couleur ici ; la palette de Bruno le Floc’h vibre pour faire écho à celle de Gauguin que l’on croise enfin dan son havre finistérien. C’est autour d’un paysage plus magique encore que se forme le récit, une toile peinte par Courbet en 1866 et qui longtemps resta cachée aux regards du public : « l’Origine du monde ». On sait aujourd’hui qu’il s’agit de la représentation sensuelle et hyper réaliste d’un sexe féminin. On peut d’ailleurs l’admirer au Musée d’Orsay à Paris. « L’Origine du Monde » fut sans doute commandée à l’artiste franc-comtois par un diplomate turc. Comment a-t-elle circulé des mains d’un amateur éclairé à celles d’un riche passionné ? C’est la trame de cette belle bande dessinée qui a pour titre Paysage au chien rouge aux éditions Ouest France.

Autre BD et la même nécessité absolue de larguer les amarres. Nous sommes à la même époque et nous allons prendre la route avec Adrien ; il se dit poète, admire Rimbaud, l’homme aux semelles de vent. Il partira sur ses traces, cherchera la vérité dans sa folie et finira par se trouver. L’entreprise était périlleuse. On ne s’attaque pas impunément au mythe Rimbaud. Christophe Dabitch, qui l’an dernier avait réussi un récit époustouflant « Abdallahi » sur René Caillé, le premier européen à pénétrer dans Tombouctou, confirme dans « La ligne de Fuite » son talent d’étonnant voyageur conteur. Paris, Charleville, Marseille, Aden… Sous des ciels de pluie ou le soleil cuisant, la quête est douloureuse, et les images de Benjamin Flao, dont il s’agit de la première bande dessinée, livrent avec fièvre la vérité des tourments intérieurs.
La ligne de fuite, Dabitch / Flao, éditions Futuropolis.

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