Au Japon, de jeunes traducteurs vietnamiens recrutés pour lutter contre la cybercriminalité clandestine
Le Japon souffre d’une grave pénurie de main-d’œuvre. Ces dernières années, le pays a ainsi accueilli de nombreux citoyens étrangers, notamment vietnamiens. Le gouvernement recense actuellement 600 000 Vietnamiens enregistrés légalement dans le pays. Il s'agit désormais de la deuxième plus grande communauté étrangère après les Chinois.
Souvent, ce sont des jeunes qui viennent avec des visas de travail de quelques années seulement, et qui travaillent dans l’agriculture, sur les chaînes d’assemblage automobile ou dans les konbinis, les petites supérettes ouvertes 24h sur 24, partout dans le pays. S'ils aident à faire tourner l’économie japonaise, ils n'ont pas véritablement le droit de s'installer de manière définitive.
De jeunes traducteurs
L'arrivée de cette communauté, bien qu'essentielle pour le pays et son économie, apporte toutefois une nouvelle forme de délinquance. Notamment chez les personnes dont le visa arrive à expiration et qui basculent dans la clandestinité, faute de vouloir repartir dans leur pays d'origine.
Pour lutter contre ce phénomène nouveau, la police japonaise vient de créer, dans la préfecture de Saitama, juste à côté de Tokyo, une première brigade de volontaires étrangers contre la cybercriminalité. Ces volontaires sont principalement vietnamiens. Ce ne sont pas des vrais policiers, mais des étudiants qui sont recrutés dans les écoles de langue pour aider, sur la base du volontariat, à traquer les pratiques louches qui se développent sur les réseaux sociaux.
La qualité de ces nouveaux traducteurs, c'est qu'ils comprennent mieux que quiconque des messages bourrés d’argot compliqué, ou d’abréviations, et que seuls les jeunes peuvent comprendre. Beaucoup de ces messages parlent, par exemple, d’aide au "Bo Doi", un mot qui signifie “soldat de base” en vietnamien, mais qui est maintenant repris par les clandestins qui se voient eux-mêmes en résistance face aux autorités. Ces messages proposent notamment des faux papiers d’identité, des cartes de crédit frauduleuses, des moyens de sous louer des appartements sans révéler son identité et surtout beaucoup de travail au noir. Une aubaine, donc, pour la police japonaise qui peut ainsi limiter la circulation de ces services et emplois illégaux, mais aussi remonter aux auteurs et démanteler d'éventuelles filières clandestines.
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