"Beaucoup de filles qui tentent d'immigrer sont kidnappées": les messages alarmistes du Texas pour dissuader les migrants de passer la frontière
Des pancartes d’un nouveau genre fleurissent le long de la frontière entre le Texas et le Mexique. On peut y lire des messages comme "Stop, si vous traversez illégalement la frontière, vous serez emprisonnés", ou encore "Beaucoup de filles qui tentent d'immigrer au Texas sont kidnappées. Pour le bien de votre famille, arrêtez-vous", écrit à côté de la photo d’une poupée par terre. Les messages peuvent être plus alarmistes encore comme "Combien avez-vous payé pour que votre fille se fasse violer ?" ou "Votre femme et votre fille vont payer le voyage avec leur corps. Les coyotes [surnom des passeurs] mentent". Et, là, c’est la photo du ventre d’une femme enceinte qui accompagne le texte.
Le Texas a dépensé environ 100 000 dollars pour cette campagne. Il y aurait une quarantaine de panneaux, à la frontière et aussi au Mexique, au Guatemala, au Salvador et au Honduras. Les messages ne sont pas seulement en anglais ou en espagnol. Il y en a écrits en russe, en chinois ou en arabe parce que ces routes ne sont plus empruntées uniquement par des migrants latinos.
Une "image réaliste de ce qui les attend"
Aux grands maux, les grands remèdes, a expliqué en substance Greg Abbott, le gouverneur républicain du Texas. Il a présenté sa campagne il y a quelques jours, à Eagle Pass, ville frontalière. Selon lui, les messages donnent une "image réaliste de ce qui les attend" les migrants, le risque de violences en particulier. Des associations insistent effectivement sur les violences sexuelles subies par de nombreuses femmes dans leur parcours vers la frontière. Le gouverneur du Texas a d’ailleurs fait sa conférence de presse à côté d’un arbre où une femme avait été agressée sexuellement par des passeurs.
Mais cette campagne a aussi un côté coup de com’, surtout avec l’élection de Donald Trump qui a promis des expulsions massives. Si en Californie, État libéral, les autorités ont fait comprendre très vite qu’elles n’aideraient pas les agents fédéraux à retrouver puis à expulser des immigrés sans-papier, l’administration ne rencontrera pas ce genre de résistance au Texas. Greg Abbott est un critique féroce de la politique d’immigration de Joe Biden, jugée trop laxiste. Il n’est pas le seul, si l’on en juge par les excellents résultats de Donald Trump dans les comtés à la frontière entre le Texas et le Mexique. La traduction d’une sorte de ras-le-bol d’une partie des résidents.
Pourtant, sur l’année en cours, l’administration Biden a expulsé plus de 270 000 personnes, des chiffres pas vus depuis dix ans. Ces pancartes ne sont pas la première initiative du genre du gouverneur Abbott. Depuis 2021, il a dépensé des milliards de dollars dans l’opération Lone Star (surnom du Texas) pour augmenter les interpellations de clandestins et de trafiquants de drogue à la frontière. Il a fait installer des barbelés flottants dans le Rio Grande, le fleuve qui sépare son État du Mexique. Et puis, il a beaucoup fait parler en envoyant par bus des dizaines de milliers migrants vers des villes démocrates loin de la frontière, histoire qu’elles aient elles aussi à gérer ces arrivées nombreuses.
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