Corée du Sud : le phénomène des "cailloux de compagnie" en vogue chez les jeunes travailleurs

En Corée du Sud, avec de moins en moins de mariages, et de bébés, près de la moitié des adultes vivent désormais seuls. Pour lutter contre la solitude, il y a les animaux de compagnie, mais la tendance qui monte dans le pays, c’est l’adoption... d’un "caillou de compagnie".
Article rédigé par Yann Rousseau
Radio France
Publié
Temps de lecture : 3 min
Des entreprises proposent des alternatives pratiques et bon marché aux personnes qui n'ont pas l'énergie d'avoir un animal. Photo d'illustration (YAGI STUDIO / PHOTODISC/ GETTY IMAGES)

Comme alternative au chat et au chien, un phénomène est apparu en Corée du Sud avec le vieillissement de la population et l'augmentation de la solitude. Il s'agit du "caillou de compagnie", il paraît que c’est très apaisant.

Comme dans tous les autres pays, pendant la période du Covid, beaucoup de Coréens ont adopté un animal de compagnie pour contrebalancer l'isolement. Mais un animal demande du temps et de l’argent, abîme les coussins, apporte divers inconvénients. Comme beaucoup de jeunes Coréens ont des journées de travail extrêmement longues, ils ont le sentiment qu'ils ne peuvent pas s’occuper convenablement d’un chien ou d’un chat.

Des "confidents" pour travailleurs seuls et épuisés

En Corée, la durée légale du travail est de 40 heures par semaine, plus 12 heures supplémentaires autorisées. Donc au total, les salariés font souvent des semaines de 52 heures. Pour apporter un réconfort à ces travailleurs éreintés, des entreprises ont commencé à proposer des alternatives pratiques et bon marché aux animaux de compagnie : ce sont ces pierres de compagnie. Les sociétés expliquent que ces cailloux seront toujours là pour vous écouter, si vous avez envie de vous confier. Ils ne changeront jamais, ils ne vieilliront pas. Et, ils sont très propres.

Désormais, plusieurs vendeurs se sont spécialisés, comme la société Chess Peace, qui affirme écouler 200 pierres par mois. Ce sont pour beaucoup des galets bien ronds, tachetés de gris et de blanc, mais il est aussi possible d'adopter une améthyste par exemple. La pierre est livrée avec une petite boîte en carton blanche décorée d’un petit toit au feutre noire. C’est sa maison. Il y a aussi un petit nid pour poser la pierre près de son ordinateur ou de sa table de chevet.

Un précurseur aux États-Unis

La société offre également un petit chapeau de paille pour le caillou. Ça l’humanise un peu. Au total, ce petit set de débutant coûte 13 000 wons coréens, soit un peu moins de 9 euros. Mais vous pouvez dépenser plus. Les gens aiment décorer leur caillou avec des grands yeux collants, une fausse bouche ou un petit chapeau de cow-boy vert, qui coûte 990 wons, un peu moins d’un euro.

Sur les réseaux sociaux, des gens présentent même les petits studios qu’ils ont construits pour leur pierre dans une boîte à chaussure. On ne trouve pas ces cailloux de compagnie qu’en Corée du Sud. C’est là que le phénomène semble le plus populaire en ce moment et les médias locaux se sont beaucoup intéressés au sujet. Mais à l’origine, les premières pierres de compagnie avaient été lancées aux États-Unis dans les années 70, par un professionnel du marketing, Gary Dahl. Il a fait fortune à l’époque en réussissant à vendre avec sa société Pet Rock plus d’un million de cailloux de compagnie.

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