Espace : des pois chiches cultivés dans un "sol lunaire", par des chercheuses américaines

Elles ont reproduit le sol de la Lune, pourtant hostile à la vie, en laboratoire pour y cultiver des pois chiches. Le but de leur recherche est de nourrir, un jour, les astronautes pendant un long voyage dans l'espace.
Article rédigé par Loïc Pialat
Radio France
Publié
Temps de lecture : 3min
Cultiver des plantes sur la Lune est un défi. Photo d'illustration. (PATRICK LEFEVRE / MAXPPP)

On parle, on rêve de conquête spatiale. La NASA prévoit de renvoyer des êtres humains sur la Lune en 2026. Elon Musk ambitionne à plus long terme de coloniser Mars avec SpaceX. Mais tout cela est très compliqué et très cher. Et il faut bien que les astronautes, les spationautes ou les cosmonautes mangent. Si les pizzaïolos parviennent à se faufiler dans les embouteillages parisiens, traverser l'atmosphère présente d'autres challenges.

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D'où ce besoin, avant d'envisager des voyages intersidéraux, d'apprendre à produire soi-même de la nourriture dans l'espace. La NASA a, par exemple, fait pousser de la salade et une tomate sur la station spatiale internationale. Elle a d'ailleurs disparu pendant plusieurs mois, l'astronaute Frank Rubio a même été accusé de l'avoir mangée. Mais il l'avait juste perdue, elle a été retrouvée. Avec cette expérience des pois chiche, le menu cosmique va donc pouvoir s'enrichir avec un aliment riche en protéines.

Un sol lunaire très peu fertile

Les deux chercheuses, l'une à A&M dans le Texas, l'autre à la prestigieuse université Brown dans le Rhode Island, ont présenté leur travail dans une étude appelée "de la poussière à la graine : l'histoire d'un pois chiche lunaire". Elles n'ont pas été sur la Lune pour autant. L'expérience a eu lieu en laboratoire, elles ont reproduit du sol lunaire. Le problème de ce terreau, c'est qu'il n'est pas très fertile. Il a donc fallu remédier à ce problème

La solution a été de mélanger le plant à du lombricompost, un engrais très répandu. Il s'agit des déjections d'un ver de terre appelé ver du fumier. Autre ingrédient : un champignon mycorhizien arbusculaire. Il aide la plante à capter les nutriments du sol. Pendant 120 jours, cet ensemble a été arrosé et exposé à une lumière artificielle équivalente à celle du soleil. Les tentatives avec le lombricompost et sans le champignon ou l'inverse ont échoué.

Un risque de contamination aux métaux lourds

Personne ne l'a goûté encore. Les chercheuses doivent s'assurer que les pois chiches obtenus ne contiennent pas de métaux lourds, de ceux que l'on trouve dans la poussière lunaire. Il ne serait pas comestible autrement. Mais le champignon qu'elles ont choisi est justement capable en théorie d'absorber ces métaux lourds et ainsi éviter la contamination de la plante.

Quelque 120 jours pour pousser, c'est aussi un peu plus long que pour un pois chiche traditionnel mais c'est une première étape. Les êtres humains ne vont de toute façon pas embarquer de sitôt pour un long voyage dans l'espace. Donc l'équipe derrière cette expérience a encore du temps devant elle pour peaufiner ses recherches.

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