Explosion de Starship : aller sur Mars, "c'est un scénario qui paraît de moins en moins improbable", selon le rédacteur en chef de "Sciences et Avenir"
Avec ses 120 mètres de long, c'est la plus grande fusée au monde. Elle est censée ramener l'homme sur la Lune en 2025. Mais une fois de plus, Starship a explosé samedi 18 novembre, quelques minutes après son décollage du Texas, aux Etats-Unis. On pourrait donc se dire que c'est encore raté pour le milliardaire Elon Musk, puisque Starship est fabriqué par sa société SpaceX. "C'est un échec en trompe-l’œil", affirme sur franceinfo Olivier Lascar, rédacteur en chef de Sciences et Avenir, car même si la fusée a explosé, SpaceX progresse très rapidement et aller sur Mars avec Starship, "c'est un scénario qui paraît de moins en moins improbable".
franceinfo : Faut-il parler d'échec ou de réussite ?
Olivier Lascar : C'est un échec positif parce que l'essai est nettement mieux par rapport à la première fois en avril dernier. Elon Musk avec SpaceX a une approche qui n'est pas celle des historiques de l'aérospatiale. Précédemment, les institutionnels, les géants de l'espace, quand ils lançaient quelque chose dans l'espace, ils l'avaient bichonné avant : ils en étaient sûrs à 100%, ça devait fonctionner. Elon Musk fonctionne par des répétitions de tests, de crashs, d'améliorations. C'est comme ça qu'il a fabriqué, avec SpaceX, la fusée Falcon qui aujourd'hui a une position de domination pour le lancement des satellites. L'Europe elle-même va utiliser SpaceX pour lancer ses satellites. Donc il faut se méfier de cet échec. C'est un échec en trompe-l'œil. En fait, je crois qu'il faut parler d'une réussite au moins partielle pour ce deuxième lancement.
Qu'est-ce qui fait que cet essai est une réussite ?
C'est la fusée la plus grande, la plus puissante jamais construite. Un lancement, c'est quoi ? C'est une explosion maîtrisée. Le Starship fonctionne avec une combinaison d'ergols, c'est-à-dire de combustible, qui ne sont pas ceux traditionnellement utilisés, puisque c'est une combinaison d'oxygène et de méthane. Il a choisi le méthane parce que justement, c'est un matériau qu'on pourrait fabriquer in situ sur la Lune ou sur Mars. C'est une combinaison un petit peu originale. Il la maîtrise puisque la fusée décolle, elle est restée droite comme un i pendant tout ce lancement. Et surtout, ce qui s'est passé avec brio, c'est la séparation des deux étages. Le premier étage, Super Heavy, c'est celui avec ses fameux 33 réacteurs qui développent la puissance permettant à l'ensemble de s'affranchir de l'attraction terrestre. Et l'étage supérieur, qui s'appelle aussi Starship, c'est celui qui, après des améliorations et des adaptations, pourra permettre l'alunissage dans le scénario d'Artemis III pour le retour des astronautes sur la Lune.
Le calendrier prévoit ce retour sur la Lune en 2025. C'est tenable ?
Ça semble intenable, on n'y arrivera pas. De toute évidence, Musk est victime lui-même de son rapport au calendrier dans toutes ses activités. C'est comme ça. Il promet toujours des choses avec des délais invraisemblables, mais il faut toujours faire attention avec lui parce que s'il dit qu'il va faire quelque chose en trois mois, ça ne marche pas en trois mois, mais ça marche peut-être en un an. Donc il y a fort à parier que ce diable d'homme va y arriver. Ce sera extrêmement compliqué de faire vivre des humains sur Mars, mais toutes les étapes qui vont précéder, envoyer un équipage d'explorateurs sur Mars avec une fusée comme le Starship, c'est un scénario qui paraît de moins en moins improbable.
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.