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Etats-Unis : pour pallier le manque de policiers, la Nouvelle-Orléans va recruter des civils non assermentés

Le but est de décharger les officiers de certaines taches chronophages et répétitives qui ne nécessitent pas de port d'arme, comme signer des amendes ou secourir un animal errant.
Article rédigé par franceinfo - Loig Loury
Radio France
Publié
Temps de lecture : 3min
En douze ans, la police de la Nouvelle-Orléans a perdu plus d'un tiers de ses effectifs. (KALI9 / E+)

Aux Etats-Unis, plusieurs grandes villes, depuis quelques années, ont beaucoup de mal à embaucher des policiers. C’est le cas de La Nouvelle-Orléans, sur la côte est américaine, où les autorités ont annoncé une mesure inédite l'année dernière pour regarnir les rangs des forces de l’ordre. La police de la ville fera désormais appel à des civils non assermentés, 50 à 75 personnes embauchées dans un premier temps.

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Un protocole de formation est en train d’être mis sur pied, beaucoup moins exigeant que les sept mois d’entraînement requis habituellement. Le but est de décharger les officiers en uniforme de certaines taches chronophages, parfois répétitives, mais pour lesquelles un badge et un revolver n’ont franchement aucune utilité. Prendre des signalements par téléphone ou sur Internet, signer des amendes, effectuer certaines missions sur le terrain également comme la surveillance du fameux Mardi Gras, très populaire à la Nouvelle-Orléans. Ces recrues civiles pourront aussi se rendre sur les zones d’accidents de la route sans blessés ou aller, tout simplement, récupérer un animal égaré.

Peu de policiers et une criminalité élevée

Il y a urgence puisque comme d’autres grandes villes américaines, la Nouvelle-Orléans n’arrive plus à attirer assez de recrues pour compenser les départs de ses policiers. En 2010, le New Orleans Police Department comptait 1 500 officiers assermentés. Douze ans plus tard, elle en compte à peine 950. Forcément, la machine tourne plus lentement, les temps de réaction, après un signalement, sont plus longs.

Et c’est un gros problème à la Nouvelle-Orléans, ville de près de 400 000 habitants où le tourisme joue un rôle important (et rapporte beaucoup d’argent à la municipalité) mais où la criminalité atteint des sommets. L’an dernier, la métropole a ainsi décroché le titre très peu enviable de ville américaine avec le taux d’homicide le plus élevé. Celui-ci a grossi de plus de 140 % entre 2019 et 2022, selon les chiffres du Wall Street Journal.

Une mauvaise image de la police

Cette pénurie de policiers ne touche pas uniquement la Nouvelle-Orléans. Selon une étude récente portant sur 14 grandes villes américaines, la plupart d’entre elles avaient perdu plus de policiers qu’elles n’en avaient embauchés depuis 2020, et cela, malgré des incitations comme des bonus financiers ou une couverture santé. Les raisons de cette crise sont nombreuses : un désintérêt des nouvelles générations pour le métier, un processus d’embauche assez long et une perception négative de l’action de la police notamment après la mort de George Floyd en 2020.

Depuis, certaines réformes ont été mis en branle ici ou là pour regagner la confiance des citoyens, mais beaucoup trop timidement. Les forces de police vont devoir faire mieux (et pourquoi pas s’inspirer de la Nouvelle-Orléans) pour susciter des vocations. D’autant plus que la crise du Covid a entraîné une hausse de la criminalité dans certaines grandes villes américaines.

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