États-Unis : un élu demande à une intelligence artificielle d'écrire une loi
L’intelligence artificielle peut conduire des voitures, écrire des livres, répondre aux questions des clients sur Internet, rien ne semble l’arrêter. À New York, un élu local a même décidé de demander à l’IA d’écrire une loi.
Clyde Vanel, l’élu en question, représente le quartier du Queens à l’Assemblée de l’État de New York. Il est démocrate, avocat de formation et membre de la commission sur Internet et les nouvelles technologies. Il raconte au New York Times qu’il ne veut pas être un luddite, ces artisans anglais du début du XIXe siècle, en guerre contre le progrès et les machines de la révolution industrielle. Il s’est demandé si l’intelligence artificielle pourrait un jour le remplacer. Il a utilisé AutoGPT, une variante du désormais célèbre ChatGPT, pour voir le résultat en se disant que peut-être, l’IA allait proposer une loi offrant des solutions à un problème auquel il n’avait pas pensé. Et le texte produit l’a impressionné, assure-t-il, même si avec son équipe, il a dû repasser derrière pour l’affiner.
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Une peine de prison pour certains propriétaires
L’Assembly Bill 6896, une loi donnant le droit aux locataires de demander aux propriétaires de leur logement une nouvelle copie du contrat de location. Ce que Clyde Vanel a demandé à AutoGPT au départ était assez large, sans lien particulier avec le problème du logement : vous êtes un élu local à New York, analysez la loi de l’État et trouvez des failles à combler dans les législations. Le système a eu besoin d’environ trois heures pour proposer des lois, l’une sur le port d’armes notamment. Clyde Vanel a retenu cette proposition sur le logement, sans vraiment comprendre comment AutoGPT était arrivé à ce résultat.
Clyde Vanel précise qu’il a dû procéder à quelques ajustements. Par exemple, l’intelligence artificielle est allée un peu loin à ses yeux en suggérant une peine de prison si le propriétaire ne donnait pas cette copie du contrat de location au locataire. Il a aussi limité le nombre de demandes de copies à deux par an pour éviter les abus. Le fait que le texte - assez court d’ailleurs - ait été préparé avec l’intelligence artificielle est bien indiqué dans le projet de loi.
Un impact "vague"
Ce texte de loi n’a pas été forcément bien reçu. Une avocate s’est plainte dans la presse que si les législateurs veulent savoir quel problème régler, mieux vaut demander à leurs concitoyens plutôt qu’à l’intelligence artificielle. Même message de la part d’associations pour lesquelles l’urgence en matière de logement se trouve ailleurs que dans cette proposition. L’intelligence artificielle, qui agrège plus qu’elle n’analyse, n’a clairement pas été capable d’identifier des solutions constructives aux problèmes du logement dans une des villes les plus chères du monde.
Clairement, la loi, si elle est appliquée un jour, ne va pas changer la vie des New Yorkais. Son impact resterait même plutôt "vague", selon le New York Times. Le quotidien cite également un professeur d’éthique qui s’interroge sur comment les électeurs vont juger le travail d’un élu en campagne si les lois qu’il propose viennent de l’intelligence artificielle. Clyde Vanel, en tout cas, prévoit de retenter l’expérience dans les mois qui viennent.
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