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Etats-Unis : une startup californienne recycle les eaux usées des entreprises grâce à des bactéries

Cette entreprise de San Diego présente sa technologie comme une potentielle alternative aux stations d'épuration très gourmandes en énergie et qui rejettent des boues dans la nature.
Article rédigé par franceinfo, Loïc Pialat
Radio France
Publié
Temps de lecture : 2 min
Un bassin de recyclage des eaux usées à El Segundo, en Californie (Etats-Unis). (ROBYN BECK / AFP)

Il y a dans l’industrie de la technologie des défis plus glamour que le traitement des eaux usées mais ça n’en reste pas moins un problème important. Aquacycl, une startup de San Diego au sud de la Californie, promet même de révolutionner le secteur. Cela va peut-être vous étonner mais selon Orianna Bretschger, la patronne, à l’échelle mondiale, le traitement des eaux usées générerait plus de gaz à effet de serre que toute l’industrie du transport maritime.

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En cause, l’énergie utilisée par les stations d’épuration avec leurs gigantesques réservoirs et la quantité d’air qui est soufflée dans les eaux usées pour les "nettoyer". Ajoutez à cela, la boue produite et envoyée vers des décharges ou l’eau usée qui finit dans la nature sans être traitée du tout, ce cas de figure représenterait 80 % des eaux usées. C’est d’autant plus dommage qu’une partie pourrait être recyclée. Jusqu’à présent, l’industrie a utilisé des réservoirs toujours plus grands et pour Orianna Bretschger, le système actuel manque d’efficacité.

Le traitement de l'eau a lieu dans un conteneur 

Aquacyl et son équipe d'une quinzaine de personnes seulement  parlent de leur système, le BETT pour technologie de traitement bioléctrochimique, comme d’une solution miracle. La société n’a pas à construire d’immenses stations d’épuration. Sa technologie traite les eaux avant qu'elles ne soient envoyées dans les stations, elle le fait sur place, là où se trouve l’entreprise concernée. Dans un conteneur, comme ceux que l’on voit à l’arrière des camions poids lourds, elle installe des dizaines, voire des centaines de boîtes, de la taille d’une batterie de voiture. Ces boîtes s’assemblent un peu comme des Lego et Aquacyl peut en ajouter autant que nécessaire en fonction du volume d’eaux usées à traiter.

À l’intérieur de ces boîtes, des bactéries, trouvées sur place, vont s’attaquer aux eaux usées. La startup a mis au point un système qui fait travailler ces bactéries rapidement, ce qui permet un traitement en quelques heures plutôt qu’en plusieurs jours. En travaillant, les bactéries vont aussi produire de l’électricité utilisée pour alimenter les capteurs qui surveillent que tout fonctionne comme prévu et à terme, l’électricité pourrait même alimenter en partie l’infrastructure du client. Le résultat, ce serait 80% de boue en moins, 90% de gaz à effet de serre en moins et 20 à 60 % de réduction des coûts de fonctionnement. 

Pepsi, qui a fait appel à AquaCycl pour l’une de ses usines d’embouteillages, a l’air satisfait. La technologie de la start-up lui permet, dit-elle, de réduire ses émissions de gaz à effet de serre de 110 tonnes par mois. Anheuser-Busch, un géant mondial de la bière, y réfléchirait pour une de ses brasseries. Dans le Colorado, les eaux traitées d’une distillerie finissent dans une ferme voisine. Aquacyl vise aussi les secteurs du textile et l’Europe en 2023. Orianna Bretschger, la cofondatrice, n’envisage pas moins qu’une "domination mondiale", dit-elle.

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