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Etre consultant prison pour un futur détenu fortuné, un métier d’avenir aux États-Unis

Entre les ennuis judiciaires de personnalités au portefeuille bien rempli et les adaptations à Hollywood, il y a des débouchés pour ceux qui sont déjà passés par la case prison.
Article rédigé par franceinfo
Radio France
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Prison aux Etats-Unis (illustration). (VALERIE MACON / AFP)

Si vous avez suivi la série Succession qui vient de s’achever, vous avez entendu parler du métier de consultant prison. L’un des personnages du feuilleton risque en effet un séjour derrière les barreaux et embauche un "professionnel" pour s’y préparer. Ce métier n’est pas une invention des scénaristes, mais une vraie profession aux États-Unis. 

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Comme d’autres types de consultants, il n’y a pas d’école ou de formation reconnue pour devenir consultant prison. On fait plutôt valoir son expérience. Il y a deux millions de détenus aux États-Unis dans quelques 1 500 prisons d’États et une centaine de prison fédérales. La plupart des consultants de prison formalisent ce qu’eux-mêmes ont vécu derrière les barreaux. Leurs clients sont souvent des délinquants en col blanc, qui ont les moyens de se payer des services facturés plusieurs milliers de dollars avant de changer radicalement de vie. 

Faciliter votre intégration 

Toutes les prisons ne sont pas les mêmes. Une firme de conseils, Survive state prison (survivre à la prison d’État) est, par exemple, spécialiste des prisons californiennes. Il y a 100 000 détenus rien qu’en Californie, soit une fois et demi plus qu’en France, avec pourtant 25 millions d’habitants supplémentaires. Prison Professors proposent des services moins chers à de futurs détenus moins fortunés. Pour les autres, il reste toujours l’option Google. Beaucoup commencent par là d’ailleurs. Mais une firme de conseils a l’avantage d’avoir parfois déjà des clients dans la même prison qui peuvent faciliter votre intégration.

 

Cependant, comme le fait remarquer un journaliste qui a écrit sur le sujet, les conseils s’apparentent tout de même à ce que l’on dirait à un enfant : sois poli mais pas trop, présente-toi quand tu arrives en cellule, ne tends pas l’oreille pour écouter ce que d’autres disent, méfie-toi des cadeaux qui vont devenir des dettes, ne te fais pas trop remarquer, reste humble, évite la salle télé où démarrent souvent les bagarres. Parce que pour certains détenus, ceux qui avaient l’habitude que leur entourage soit aux ordres, les "loups de Wall Street" comme Bernard Madoff, les athlètes comme Mike Tyson, les stars de la télé comme Martha Stewart… Forcément, la vie va changer. Autre suggestion : ne pas être trop amical avec les gardiens de prison ou se plaindre auprès d’eux, au risque de se bâtir une réputation de balance difficile à faire oublier. La firme White Collar Advice ne recommande pas non plus de passer trop de temps à faire de l’exercice parce que ce n’est pas quelque chose qui se valorise une fois dehors. 

Apprendre à parler au juge 

Et justement, même si les clients ont surtout des questions logistiques - les toilettes, la cantine, l’argent, la douche, les visites, comment se défendre -, les conseils dépassent le cadre de la prison. La firme vous aide, par exemple, à écrire une sorte de biographie pour le juge et le procureur dans laquelle, plutôt que de minimiser votre rôle dans l’affaire et focaliser l’attention sur ce que vous avez fait de mal, vous parlez de vous-mêmes, vous vous humanisez, ce qui peut réduire la peine prononcée. Vous pouvez aussi aiguiller le juge sur la prison où vous préfèreriez aller parce qu’elle est réputée moins dure que d’autres, une prison de l’État de New York qui propose, par exemple, de la bonne nourriture kasher, selon le New York Times. Certaines prisons fédérales seraient surnommées Club Fed. Et puis, on vous signale aussi que suivre un programme de désintoxication, si c’est nécessaire, enlève plusieurs mois à la condamnation. 

À Hollywood aussi, on s’appuie sur des consultants prison. C’est vrai que le film de prison est un sous-genre du cinéma américain. Les scénaristes et les réalisateurs peuvent avoir envie de dépeindre cet univers avec le plus d’authenticité possible. C’est ce que leur propose une entreprise comme Prison Movie Consulting, fondée par un gardien de prison avec 25 ans d’expérience dans les pénitenciers du Texas. Le film En taule : mode d’emploi, une comédie avec Will Ferrell et Kevin Hart, parle justement des consultants de prison. Il raconte l’histoire d’un financier innocent mais condamné qui s’adjoint les services d’un spécialiste pour se préparer. Sauf que ce spécialiste n’a jamais les pieds dans un pénitencier mais il est noir. Et le financier, enfermé dans ses préjugés, s’imagine qu’il a passé du temps derrière les barreaux.

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