Intelligence artificielle : les doubleurs japonais s'inquiètent de la multiplication des programmes permettant de copier leur voix

Si les noms de Richard Darbois, voix française d’Harrison Ford et de Richard Gere, et de Céline Montsarrat, voix française de Julia Roberts, reviennent régulièrement dans l'industrie du doublage, en France, les doubleurs sont assez mal connus. Une notoriété incomparable à celle de certains doubleurs japonais, très connus du grand public et régulièrement invités dans les médias.
Article rédigé par Yann Rousseau
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2min
Micro studio d'enregistrement. (CRIS CANTÓN / MOMENT RF / GETTY IMAGES)

Aussi célèbres que certains comédiens, ils ont souvent incarné les mêmes personnages pendant des décennies dans les dessins animés diffusés au Japon, et sont très présents dans les franchises de jeux vidéo qui courent aussi sur plusieurs années. Tous les Japonais connaissent par exemple Kenjiro Tsuda et sa voix rapeuse et virile, ou Nobuyo Oyama, la voix du chat robotique Doraemon, qui a reçu en octobre 2024 un véritable hommage national dans la presse après son décès.

Cette industrie ne semble toutefois pas épargnée par l'arrivée de l'intelligence artificielle, alors que des plateformes génératives sont désormais capables d'imiter des voix humaines à la quasi-perfection. Douées d'une technologie particulièrement innovante, ces intelligences artificielles peuvent se nourrir de centaines d’échantillons d’une voix afin de lire un texte en reproduisant chaque son, chaque accent ou même chaque émotion de la voix synthétisée.

Revoir les règles

La question se pose alors : pourquoi continuer à payer un humain si l'on peut faire du doublage en quelques secondes avec un ordinateur ? Apeurés par la progression fulgurante de ces technologies d'un nouveau genre, les grands syndicats d’acteurs et de doubleurs se sont réunis début novembre 2024, à Tokyo, pour demander un durcissement des règles au gouvernement. S'ils ne veulent pas interdire totalement l’intelligence artificielle dans leur métier, ils voudraient avoir le droit d’autoriser ou non l’utilisation de leurs voix dans des futures productions. Sur Internet, des vidéos pirates utilisent déjà, sans autorisation, de célèbres voix japonaises pour des publicités ou des clips.

De son côté, le gouvernement dit finaliser un nouveau texte de loi ou, du moins, proposer des amendements à l’actuelle loi sur la concurrence injuste qui n’avait, jusqu’ici, pas de disposition précise sur ce sujet du doublage.

Commentaires

Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.