Japon : un parti politique transforme des panneaux électoraux en affichage publicitaire

Les élections pour le poste de gouverneur de Tokyo se dérouleront dimanche prochain. Un parti fait scandale car il a découvert comment faire fortune en louant l'espace ses panneaux d'affichage électoraux.
Article rédigé par Yann Rousseau
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Des passants regardent des panneaux d'affichage pour les élections du gouverneur de Tokyo, le 23 juin 2024, au Japon. (PHILIP FONG / AFP)

Le Japon se passionne aussi pour des élections, le poste de gouverneur de Tokyo, la capitale du pays, est en jeu. Les électeurs sont appelés aux urnes, dimanche 7 juillet. Les candidats enchaînent les meetings et les campagnes d’affichage classiques. Le Japon, comme la France, a des règles électorales assez strictes. Pour éviter les candidatures trop farfelues, la loi impose à chaque candidat de payer au moins trois millions de yens lorsqu’il entre officiellement en lice, trois millions de yens, c’est à peu près 18 000 euros. Une fois que cette somme est payée, le candidat a le droit d’accéder aux panneaux d’affichage officiels de la campagne pour y coller ses affiches.

Les grandes formations politiques du pays, qui vont tenter d’emporter la mairie de Tokyo, jouent le jeu, elles ont, chacune, enregistré un candidat. Mais un parti populiste, le anti-NHK Party qui milite essentiellement pour l’abolition de la redevance pour la télévision publique, a eu l’idée d’enregistrer, à lui seul, 19 candidats pour le scrutin de dimanche. Il a donc dû débourser au total 57 millions de yens, soit 330 000 euros. Mais il a prévu de faire fructifier cet investissement en revendant ses panneaux électoraux. Il compte même faire un gros bénéfice.

Youtubeurs, célibataires... entre 60 et 200 euros l'annonce

Le leader de ce parti populiste a identifié une sorte de faille juridique. Il a découvert qu’il n’était pas formellement interdit de céder ses panneaux d’affichage à des tiers s’ils respectent, eux-mêmes, le code électoral. Donc, ce parti loue les panneaux de ses 19 faux candidats partout dans la ville. Au total, il y a 14 000 sites d’affichage officiels pour l’élection. Vous pouvez louer pour une journée ou pour une semaine vos panneaux devant lesquels des millions de gens passent tous les jours. Il faut compter entre 60 et 200 euros par jour, par site.

Plein de clients ont mordu à l’hameçon. Il y a des youtubeurs qui se sont achetés de l’espace pour promouvoir leur chaîne. Ils se mettent en photo avec un QR code. Il y a des bars pour jeunes femmes seules qui se font de la pub. Un jeune homme qui cherche une petite amie et vante ses prouesses sexuelles. Ou encore un ami des animaux qui a loué des panneaux près de chez lui pour y afficher le portrait de son chat.

Les candidats sérieux et officiels réagissent assez mal, car leurs propres affiches très sérieuses se retrouvent noyées au milieu de ces posters totalement fantaisistes. Mais le ministère de l’Intérieur n’aura pas le temps de rectifier le tir d’ici le vote de ce week-end qui s’annonce très serré. Tout se joue entre la gouverneure sortante de droite Yuriko Koike, une ancienne journaliste, et sa principale opposante de centre-gauche qui s’appelle Renho et qui est également une ancienne journaliste. Dimanche, ce sont11 millions d’électeurs qui seront appelés aux urnes pour les départager.

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