Le gouvernement coréen veut des cours personnalisés avec l'intelligence artificielle

La Corée du Sud veut être la première nation de la planète à se lancer dans une révolution numérique de l'école. L'idée est d'en finir avec les manuels en papier et de passer à un enseignement personnalisé sur écran. Le lancement de l'expérience est prévu pour mars 2025. Mais elle ne fait pas l'unanimité.
Article rédigé par Yann Rousseau
Radio France
Publié
Temps de lecture : 3min
Des enfants d'une école primaire assistent à un cour de francais dans une classe connectée lors de Futur en seine, un festival du numérique en Île-de-France, le 12 juin 2024 (Photo d'illustration). (BRUNO LEVESQUE / MAXPPP)

La Corée du Sud veut se débarrasser des manuels scolaires classiques en papier, pour passer progressivement à un enseignement personnalisé sur ordinateur, accompagné par une intelligence artificielle.

Le gouvernement veut activer ce bouleversement dès le mois de mars, dans l’équivalent coréen des classes de CE2 et de CM1, ainsi que pour les élèves de 5e et ceux de Seconde. Ce changement doit se faire d’abord dans les cours d’anglais, de mathématiques et d’informatique avant d’être activé, dans les années suivantes, pour l’histoire, le coréen ou les différentes sciences sociales.

Un travail appliqué à chaque élève

Pour réaliser cette petite révolution, le ministère de l’Éducation a demandé à des éditeurs de développer des manuels numériques sur tablettes ou sur PC, en reprenant les programmes de base mais en y ajoutant des contenus interactifs gérés directement par une plateforme d’intelligence artificielle.

Le déroulement des cours en sera passablement modifié. Par exemple, dans un cours d’anglais classique, le professeur va donner son cours et ensuite interroger les élèves de la classe sur des points de grammaire ou sur la prononciation. Les bons élèves vont lever la main, les moins sûrs d’eux vont attendre d’être interpellés par le professeur. Avec la nouvelle mouture, les élèves suivront la leçon en parallèle sur leur ordinateur et tous devront répondre à l'ensemble des questions.

L’intelligence artificielle est prévue pour faire travailler individuellement la prononciation ou les points de grammaire où l'élève semble peiner. Ce sera pareil pour les mathématiques, la machine proposera des exercices adaptés en fonction des points forts et des points faibles détectés. Et le professeur contrôlera en direct l’évolution de chaque enfant sur son propre ordinateur.

Une opinion très divisée sur l'efficacité du procédé

Mais cette transformation ne se fait pas en douceur. Les professeurs et les parents d’élèves sont très divisés sur le sujet. Et l’opinion publique est presque partagée en deux. Certains y voient une chance pour motiver les élèves en difficulté et pousser le niveau de ceux qui suivent sans problème. Mais de nombreux enseignants et familles estiment que c’est un gadget et que le pays s’est précipité sur ces cours par intelligence artificielle sans vraiment en mesurer l’efficacité.

D’ailleurs, cette semaine au Parlement coréen, la majorité de gauche en conflit avec le gouvernement de droite a fait voter un amendement surprise, pour que ces manuels par intelligence artificielle soient considérés, à la rentrée de mars, comme un matériel pédagogique complémentaire et pas comme un manuel à part entière. Cela va permettre aux enseignants de garder encore dans les prochains mois leurs livres en papier.

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