Cet article date de plus de sept ans.

C'est comment ailleurs ? L'état déplorable des prisons brésiliennes

Alors que la prison de Fresnes doit éliminer sous trois mois les rats et les punaises qui infestent l’établissement, franceinfo s’intéresse au Brésil où l’état des prisons est terrible

Article rédigé par franceinfo, Gérald Roux
Radio France
Publié
Temps de lecture : 3min
Des mutins sur le toit d'une prison d'Alcacuz dans le nord du Brésil en janvier 2017   (ANDRESSA ANHOLETE / AFP)

Surpeuplées, insalubres, vétustes, minées par la violence. Les prisons au Brésil, c'est l'enfer sur terre. Au mois de janvier dernier, une vague de violences sans précédent a fait 140 morts dans plusieurs établissements. Le Brésil compte 622 000 détenus, soit la 4e population carcérale au monde, derrière les Etats-Unis, la Chine et la Russie. 

Terrible janvier  

En janvier 2017, on a assisté à de multiples mutineries dans les prisons brésiliennes. On peut parler de véritable guerre à l'intérieur des établissements entre gangs rivaux.

Cela a commencé dans la nuit du 1er au 2 janvier dans une prison de la banlieue de Manaus en Amazonie. Les combats ont causé la mort de 56 détenus. Ensuite, les mutineries ont se sont déclenchées en cascade dans des pénitenciers de la partie nord du Brésil, souvent près des frontières avec le Pérou, la Colombie, et la Bolivie d'où vient l'approvisionnement en cocaïne. Bilan : 140 victimes, assassinées sauvagement, souvent décapitées, voire éviscérées.  

Les gangs et le trafic de drogue

Ces violences ont deux principales explications. D’abord, les prisons sont surpeuplées avec 167% de taux d'occupation moyen et des pics à 260% dans certains endroits.

Ensuite, ce sont des coupe-gorges, contrôlés par des factions criminelles qui tirent les ficelles du trafic de drogue derrière les barreaux. Le manque de sécurité pousse la plupart des détenus à s'affilier à un gang. En janvier, l'administration pénitentiaire a du ériger un mur de conteneurs à l'intérieur d'une prison pour séparer les détenus rivaux.

Fouille des prisons

A la suite des drames de janvier, l'armée brésilienne a lancé une vaste opération de fouille des prisons. 4 000 soldats ont investi dix pénitenciers où des violences avaient éclaté. Pour cela, les militaires se sont servi du matériel de détection utilisé pendant le Mondial 2014 et les JO de Rio 2016.

Résultat, ils ont trouvé plus de 2 000 armes blanches, des centaines de téléphones mobiles, de grandes quantités de drogue, d'alcool et de l'argent. 

Dépénalisation de la drogue ?

Sur le plan politique, la violence et la surpopulation des prisons relancent le débat sur la dépénalisation de la drogue. En effet, les prisons sont surpeuplées de petits dealers qui côtoient des criminels chevronnés, et la prison devient ainsi une sorte d'université du crime.

Plus de la moitié des détenus au Brésil n'ont pas commis d'infraction grave et environ 60% sont en attente de jugement.  Leur séjour derrière les barreaux les pousse dans les bras de la grande délinquance.

Commentaires

Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.