Cet article date de plus de sept ans.

C'est comment ailleurs ? L'herbicide ultra-destructeur aux USA

Alors que l’Union européenne reporte sa décision sur le glyphosate, franceinfo s’intéresse à un désherbant encore plus inquiétant aux Etats-Unis, le dicamba

Article rédigé par franceinfo, Gérald Roux
Radio France
Publié
Temps de lecture : 2min
Un fermier de l'Arkansas dont les champs de soja sont victimes du dicamba.  (KAREN PULFER FOCHT / X03556)

Le dicamba est un herbicide produit par la firme américaine Monsanto et le groupe allemand BASF. Il est utilisé pour venir à bout de mauvaises herbes comme l'amarante de Palmer qui a développé une résistance au glyphosate. Le dicamba doit être pulvérisé sur des graines de soja génétiquement modifiées pour résister à cet herbicide. Il est beaucoup utilisé dans les Etats agricoles du Middle West, également dans l’Arkansas.          

Trop volatile  

Problème, le dicamba est hautement volatile et est emporté par les vents au-delà des champs sur lesquels il doit agir. Il se dépose alors sur des cultures ou sur des arbres incapables de lui résister. Il faut savoir que le dicamba peut se disperser un peu partout jusqu'à trois jours après son épandage et qu'il est 75 à 400 fois plus dangereux que le glyphosate pour la plante qu'il touche accidentellement.  

Gros dégâts  

Un chercheur du Missouri estime que 1,5 million d'hectares de cultures ont été ainsi contaminés par le dicamba, soit près de 4% de la surface cultivée en soja aux Etats-Unis. Les agriculteurs propriétaires de ces cultures sont alors ruinés car leur champ de soja non compatible avec le dicamba dépérit.        

Tests insuffisants

Il y a bien eu des études avant de s'apercevoir de ce fléau, mais elles ont été réalisées par les fabricants du dicamba, Monsanto et BASF. Les tests ont été ensuite fournis à l'agence de protection de l'environnement qui a autorisé l'utilisation du produit trop rapidement.  

Il est intéressant de noter que Monsanto et BASF ont mené des études limitées sur la volatilité du produit, en laboratoire ou dans des serres, mais pas suffisamment dans des champs. L'homologation du dicamba s'est aussi effectuée sous la pression du ministère de l'Agriculture, des industriels et des syndicats agricoles.  

Les Etats réagissent, trop tard ?   

L'Arkansas a interdit les épandages du produit jusqu'à la fin de la saison. Le Missouri et le Tennessee ont renforcé leur législation et une dizaine d'Etats américains se sont plaints auprès de l'agence de l'environnement.  

Le pire dans cette histoire, c'est que le dicamba pourrait avoir une efficacité limité sur les cultures compatibles puisque l'amarante de Palmer, cette mauvaise herbe, pourrait développer une résistance au dicamba d'ici trois ans seulement.

Commentaires

Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.