C'est dans ma tête. Aider nos enfants à faire face au risque terroriste
L’angoisse des parents face à l’attentat de Manchester est immense. Mais leur attitude face au risque terroriste -expliquer, donner des consignes de sécurité, calmer- doit permettre aux enfants de les rendre conscients et responsables plutôt que de les écraser.
L’attentat de Manchester nous a tous bouleversés et les parents se demandent s’ils peuvent encore laisser leurs enfants sortir...
La première chose qu’il faut dire aux parents est que leur peur est normale. Ils n’ont pas peur parce qu’ils seraient névrosés ou particulièrement angoissés. Ils ont peur parce que le risque est réel. Et que face à un risque réel, il est normal d’avoir peur.
Est-ce que cela veut dire qu’il faut empêcher les enfants d’aller à des concerts ?
Non bien sûr. D’abord parce que, s’ils réussissaient à nous empêcher de vivre, les terroristes auraient gagné. Mais surtout parce que le risque ne se limite malheureusement pas aux concerts. Des attentats peuvent avoir lieu n’importe où dans l’espace public. Et même, on le sait, dans des écoles puisque des exercices de sécurité y ont eu lieu.
Nous sommes aujourd’hui face à des terroristes qui sont prêts à dépasser toutes les limites de l’horreur pour déstabiliser nos sociétés. Il faut que nous apprenions à vivre, comme d’autres le font ailleurs, avec cette menace et malgré cette menace. Et il faut que nous apprenions aux enfants à vivre avec elle.
Comment peut-on faire ?
Je crois que deux choses sont essentielles. La première est de parler. Il faut parler de cet attentat avec les enfants. Et surtout les écouter pour qu’ils arrivent à exprimer ce qu’ils ressentent. Ce qui peut être d’autant plus difficile pour eux qu’ils peuvent craindre d’accroitre encore l’angoisse de leurs parents.
Et puis il faut se rassembler. Face à une telle horreur, on ne peut pas rester isolé.
Comment les parents peuvent-ils se rassembler ?
En passant par les lieux qui accueillent les enfants. Les écoles, les collèges, les associations de parents peuvent organiser des réunions.
Mais on peut aussi se réunir entre parents dans son quartier, dans son immeuble, pour mettre ses peurs en commun, mais aussi pour partager ses solutions : les“ trucs” que chacun peut inventer pour supporter sa peur. Mais aussi des solutions pratiques. Quand un concert a lieu dans une ville, les parents d’une classe peuvent se contacter pour savoir quels enfants doivent y aller et leur permettre d’y aller ensemble par exemple. Les enfants, en groupe, se sentiront plus forts et l’idée qu’ils ne sont pas seuls rassurera un peu leurs parents.
Comment les parents peuvent-ils parler aux enfants qui vont à un concert ?
Il faut d’abord les aider à sortir de l’imaginaire ; le risque d’attentat est réel, c’est vrai. Mais il n’y a pas pour autant une bombe sous chaque siège, on se calme !
Et puis il faut discuter avec eux de ce qui peut se passer, concrètement, en cas d’attentat : l’affolement, la panique, les bousculades qui accroissent le danger. Il faut leur expliquer que les salles ont des services de sécurité qui savent, en cas de danger, comment évacuer. Et qu’il faut suivre les consignes qu’ils donnent.
C’est difficile pour les parents d’aborder ces sujets, mais c’est important. D’abord parce que ces informations peuvent protéger concrètement leurs enfants. Mais surtout parce qu’en les rendant conscients et responsables, elles permettent que cette épreuve, au lieu de les écraser, les rende plus forts.
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