C'est dans ma tête. Journée internationale des enfants soldats
On célèbre demain, dimanche 12 février, la Journée Internationale des enfants soldats. C’est-à-dire des garçons et des filles de moins de 18 ans, enrôlés au sein des forces armées pour participer à des conflits.
Ils seraient à l’heure actuelle 250.000, voire 300.000 à travers le monde. La psychanalyste Claude Halmos revient sur ce qu'ils ont à vivre au quotidien.
Enfants soldats, enfants victimes des conflits
C’est important, je crois, de revenir sur ce sujet qui nous semble souvent très éloigné de nous, alors que ce n’est pas le cas.
Pourquoi ? D’abord parce que nous vivons en Europe, dans un pays qui affirme se préoccuper du sort des enfants. Et que l’existence des enfants soldats vient nous rappeler que, à l’heure actuelle, une grande partie des victimes civiles des conflits sont des enfants.
Des enfants qui, quand ils ne sont pas tués, sont mutilés par des bombes ou contraints à l’exil. Mais qui peuvent aussi soit s’enrôler, soit être enrôlés de force dans des armées pour participer aux conflits. Nous ne pouvons pas nous désintéresser de cela. D’autant que nous sommes, nous aussi en France, même si c’est à une toute autre échelle, confrontés à la question de l’utilisation des enfants et des conséquences que cela a sur eux.
Comment peuvent-ils survivre à l'horreur ?
Les enfants soldats sont enrôlés dans les armées pour commettre des atrocités. Mais ils le sont aussi pour servir d’esclaves, notamment sexuels, à des adultes. Et les associations qui essayent de les aider connaissent les problèmes psychologiques énormes dans lesquels ils sont plongés : comment un enfant peut-il survivre, psychologiquement, à une horreur pareille ?
Or, cette question se pose aussi aux soignants qui travaillent en France, avec des enfants victimes de maltraitances graves. Ou avec des enfants que des parents radicalisés avaient emmenés avec eux, en Syrie, par exemple. Et qui ont été livrés à Daech, pour un conditionnement à base de discours de haine et de spectacles de décapitation.
Revenir de l’horreur est toujours un très long voyage
Il faut toujours parier sur la vie. Mais c’est difficile pour un enfant qui a vécu cela de s’en sortir. Et ces enfants ont besoin de soins tout à fait spécifiques. Parce qu’ils ont vécu d’abord l’arrachement à leur univers familier, et ensuite une série de traumatismes, plus graves les uns que les autres.
Et parce que ces enfants ont été, en plus, confrontés à la jouissance perverse d’adultes criminels. Un enfant qui assiste à une décapitation doit en effet faire face à ce qu’il voit, qui est terrible, mais aussi à ce qu’éprouvent autour de lui les adultes spectateurs, qu’il ressent toujours. Le pronostic dépend donc de son âge (plus il est petit, plus c’est destructeur) mais aussi de la façon dont on l’avait, auparavant, aidé (ou non) à se construire.
Revenir de l’horreur est toujours un très long voyage. Et, même si on réussit à en sortir, on n’en sort jamais indemne.
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