C'est dans ma tête. La Marche des Femmes
Une "Marche des Femmes" va avoir lieu, aujourd’hui samedi 21 janvier, à Washington. Elle était prévue au départ pour protester contre les propos sexistes de Donald Trump, puis elle s’est étendue à l’ensemble des problèmes des femmes.
Est-ce qu’une telle manifestation serait envisageable en France ?
Je ne sais pas si elle serait envisageable mais elle pourrait être justifiée par les énormes difficultés que les femmes continuent de rencontrer dans notre pays.
Vous voulez parler de quelles difficultés ?
Du fait, d’abord, qu’elles sont en première ligne, notamment dans les familles monoparentales, par rapport à la pauvreté. Mais je veux parler aussi des difficultés de tous ordres qu’elles rencontrent, du simple fait qu’elles sont des femmes, et qui provoquent chez elles des souffrances psychologiques bien plus importantes qu’on ne le croit.
Il y a par exemple le fait qu’elles sont, encore et toujours, soumises au harcèlement. Etre une jeune fille ou une femme, en France, en 2017, c’est être encore, dans l’espace public, une proie dont n’importe quel prédateur peut, comme il l’entend, violer les oreilles par des obscénités ou le corps par des attouchements. C’est un danger qui ne menace pas les hommes.
Il y a aussi les différences de salaire ?
Bien sûr. L’objet que l’on peut utiliser sexuellement sans lui demander son avis, ne peut pas être payé au même tarif que les hommes, c’est logique !
Il faut savoir que, pour le même poste et la même qualification, les femmes touchent en moyenne jusqu'à 19% de moins que les hommes. C’est une différence énorme, elle n’est fondée que sur la discrimination et elle ne peut qu’induire, chez les femmes, un profond sentiment de dévalorisation.
Et puis il y a bien sur, à l’heure actuelle, toutes les menaces qui pèsent sur le droit à l’avortement, et qui sont très graves pour les femmes.
Quelles sont les menaces graves pour les femmes ?
Revenir sur le droit à l’avortement ou sur son remboursement reviendrait, dans la réalité, à renvoyer les femmes aux avortements clandestins que les générations précédentes ont connus et dont tant de femmes sont mortes.
Mais cela signifierait aussi que la liberté, dont les hommes bénéficient, leur serait, à elles, interdite. Et cela les obligerait donc à replonger dans une culpabilité par rapport à leurs désirs sexuels mais aussi dans une vision de la maternité qui, au lieu d’être un choix et une joie, serait une punition pour ces désirs.
Ce serait grave aussi pour les enfants
Parce que naître en étant désiré est un droit que tout enfant devrait avoir. Et les groupes anti-avortement qui invoquent le "droit à la vie" devraient s’interroger sur "la vie" dont ils parlent. Parce que sentir que l’on est un poids pour une mère qui n’était pas en mesure de vous faire naitre, ce n’est pas une vie pour un enfant.
Et des adultes témoignent tous les jours de cette souffrance, sur le divan des psychanalystes.
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