C'est dans ma tête. La mort
Dans quelques jours, ce sera la Toussaint, le moment de l’année où, dans les familles, on pense particulièrement aux morts et à la mort, cette mort qui fait peur à beaucoup de gens. Est-ce que la peur de la mort a changé et à quoi cette peur est-elle due ?
Je ne crois pas que la peur de la mort, sur le fond, ait changé. Mais elle est peut-être, aujourd’hui, un peu plus difficile à vivre. Parce que les progrès de la médecine et de la chirurgie esthétique (qu’il ne faut pas oublier) peuvent donner l’illusion qu’on pourrait ne jamais vieillir.
D’où vient que l’on ait peur de la mort ?
C’est une peur qui a des causes multiples et je n’ai pas la prétention de les recenser toutes mais ce qui est sûr c’est que la mort représente, par définition, l’inconnu, et que l’inconnu a toujours fait peur aux humains.
Parce qu’il est synonyme, pour eux, de perte totale de maîtrise : face à l’inconnu on est impuissant.
La mort fait peur aussi parce qu’on ne peut pas se la représenter. C’est à dire qu’essayer de penser la mort, c’est se mettre en position de penser un moment où, justement, on ne sera plus là pour penser. C’est difficile et surtout angoissant. Et c’est pour cela sans doute que les religions existent. Parce qu’elles permettent de penser une vie après la mort… Et puis la mort fait peur aussi parce que l’on sait qu’elle est, par excellence, la limite à laquelle on ne pourra pas échapper.
Quelle est cette limite ?
L’être humain, dès sa naissance, est confronté à des limites : l’existence de la réalité, l’existence de l’autre, ses limites à lui, etc…
Donc il doit abandonner très vite son rêve de toute puissance. Mais il en reste toujours quelque chose. Et certains d’ailleurs essaient de contourner en permanence les limites (cela peut même devenir leur sport favori). Mais, face à la mort, ils échouent bien sûr.
Qu'est-ce qui peut aggraver ou atténuer la peur de la mort ?
Les exemples familiaux, la façon dont on a vu les générations précédentes vivre la mort. Et surtout la façon dont la différence des générations est expliquée aux enfants. Un enfant à qui l’on apprend que chaque génération doit mourir à son tour et qui peut participer aux enterrements (des ses grands-parents, arrière grands-parents etc…) sait que la mort est une chose triste mais normale et il a moins peur.
Et puis, il y a bien sûr la façon dont la société est capable (ou non) de donner une place à la mort, de la parler et surtout de la rendre plus humaine. Et là, on le sait, il y aurait beaucoup à faire.
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